Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Aller en bas
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Faustine ; aka La démone

Jeu 21 Fév - 23:47
Bon! Bienvenus dans le sujet de Faustine Smile comme annoncé quelques jours plus tôt, j'ai décidé de m'avancer dans le rpg pour raconter la backstory de Faustine, ce qui m'aidera graaandement pour mes futures fictions. Ces prochains chaps ont donc lieu un peu plus tard dans l'histoire, vers début novembre, peu de temps après les élections présidentielles. Je ne posterai pas que des chaps sur sa backstory ici, mais je vais commencer par eux, et ils seront plus ou moins longs, mais nombreux. Bref! Ne vous découragez pas si vous ne comprenez pas tout dès la première partie, les informations viendront peu à peu xD Bonne lecture!
(ah, et les chaps peuvent être modifiés plus ou moins à n'importe quel moment x') (correction de faute, reformulation de phrase...)

Faustine's origins (1/?)

Allongée sur le dos, la tête dans le vide, sur le toit de l’Académie, je regarde le ciel sans bouger. Le silence est entier de là-haut, avec tous ces stupides élèves en cours. Moi, je m’ennuie. Je me retrouve à contempler une énième fois le ciel bleu nuageux comme en plein centre-ville. J’aurais dû y rester si c’est pour me faire autant chier, en plus de devoir supporter ces gamins. La sonnerie retentit, gâchant ce silence apaisant. D’un seul coup, les pas, cris et bavardages envahissent la cour pour faire un bruit monstre. Je retiens un soupir et me redresse, attrape ma batte au passage et descends du toit en m’accrochant au mur. J’atterris finalement en bas en un saut, et me retrouve finalement plongée dans cette marée humaine qu’est la cour de récréation. En regardant de tous les côtés, voyant des animaux plus ou moins improbables se baladant, je me fais une énième fois la remarque que cette académie est quand même stupéfiante. Je pose mon arme sur l’épaule avant de me mettre en marche, ayant pour objectif de me trouver une petite victime pour m’amuser rapidement.
Je regarde, encore et encore, ces stupides visages dans l’espoir de trouver de l’inspiration, sans qu’elle ne vienne. Pourquoi ne pas s’incruster dans cette partie de foot avec ces gamins et leur envoyer le ballon dans la gueule ? Non, bien que cela pourrait être drôle. Et prendre tout le maquillage dont cette meuf s’en tartine pour le lui faire bouffer ? Hé, il doit être tellement toxique qu’elle va mourir sur-le-champ. Et ce surveillant, pourquoi ne pas le pendre dans la cour, avant de lui arracher le ventre et laisser l’intérieur dégouliner dans la cour ? Très tentant, mais beaucoup, beaucoup trop violent. Rappelle-toi, Faustine. Ce maudit pacte avec « môssieur le directeur ». Pas de tuerie, pas une seule. Je passe ma main derrière la nuque, embêtée. C’est frustrant de s’imposer des contraintes, alors que je pourrais me débarrasser d’eux sur une simple envie. Mais je continue à chercher, traversant cette cour interminable, dans l’espoir de trouver la personne qui réussira à me distraire ne serait-ce que quelques minutes.

Puis m’arrête.

Immobile, pétrifiée, ne cillant pas une seule fois, j’entends d’un bruit étouffé les sanglots d’une petite fille. Arrivée au fond de la cour, dans un coin sombre entre le bâtiment de l’Académie et le portail, je tourne la tête pour voir un adolescent, tenant des propos haineux, face à une gamine, adossée lamentablement contre le mur de l’école en larmes. Le garçon me faisant dos, je ne peux pas voir son visage, mais devine aisément sa rage par ses gestes brusques et ses paroles acerbes. Il menace la fillette, lui crache son venin au visage, attrape son poignet d’un geste ferme, lève son poing en l’air, puis l’abat sur sa joue sans une once de pitié. La petite fille, sans défense, se contente de se débattre de ce qu’elle peut, murmurant des maigres supplices pour que cette violence cesse. Mais elle est faible, tout ce qu’elle fait est inutile, sans impact sur l’aîné qui est contrôlé par cette haine. Mais elle continue. Ses supplices inaudibles continuent. Ses supplices qui semblent déchirer l’espace et le temps.

S’il te plaît, arrête… Je ne veux pas faire de mal… Je t’en supplie…

Ma paralysie s’arrête. Je me tourne dans leur direction. Fait un pas. Puis un autre. Puis encore un autre, et encore un, de plus en plus vite, sans pour autant courir. Je m’avance, le visage indescriptible, sans émotion, neutre. Le décor semble flou, les bruits de la cour me paraissent soudainement inaudibles, en arrière-plan. Seule cette scène est perceptible à mes yeux. Je finis par arriver derrière l’adolescent. Je m’arrête. Je reste immobile.
Puis, je lève ma batte de base-ball et l’abats violemment contre lui.
Une autre plainte. Pas celle de la fillette. Une plainte, qui, bizarrement, ne fait nullement pitié. Il est courbé en deux. Du sang coule le long de son cou. Il s’est arrêté. Se retourne. Me vois. Sa haine est soudainement mélangée à de la surprise, ainsi qu’à de la peur. Mais il n’a pas le temps de faire quoi que ce soit. Je le frappe. A nouveau. Un endroit différent. Puis encore. Un autre coup. Et encore. Et un autre. Encore, et encore, et encore. Je le frappe, me déchaîne, ne lui laisse aucun répit. Il tombe à terre, recroquevillé sur lui-même, plaçant ses bras au-dessus de sa tête pour essayer vainement de se protéger. Je n’entends rien d’autre que ses plaintes. Tente-t-il de dire quelque chose ? Peu importe. Je l’attrape par le col. Le redresse face à moi. Son visage en est déformé. Son corps aussi. Je le jette contre le mur d’un geste brusque. Puis je le contemple, misérable être humain, sans aucun mérite, aucun prestige, ne faisait qu’une chose, être en vie. Je le regarde encore, plonge mon regard dans son être tout entier. J’entends les battements de son cœur. Je sens ce mélange d’émotions qui l’assaillit. La haine. La peur. Le désespoir. Je me concentre sur eux. Les amplifie. Les rends douloureux. L’adolescent se redresse avec peine haletant, puis s’arrête. Ses yeux s’écarquillent. Il porte sa main à son cœur et se courbe en deux. Son corps entier se met à trembler. Les larmes montent à ses yeux.
« A-arrête… »
Maintenant, il se tient la tête dans ses deux mains. La douleur le parcourt, ralentit les battements de son cœur, détériore petit à petit son corps, le rend fou. Un filet de sang coule de sa bouche et de ses oreilles. Ses jambes le lâchent, il tombe à genoux, se recroquevillant la tête dans ses bras.
« S’il te plaît, arrête ça, arrête ça, arrête ça… ! »
Ses supplices continuent sans pour autant qu’ils m’atteignent. Je veux continuer, encore et encore, de le faire souffrir, pour qu’il meurt lentement et atrocement. Je veux que son corps et son esprit se détruisent à petit feu jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Je veux qu’il souffre. Il doit souffrir.

Tout d’un coup, je sens une force extérieure essayer de pénétrer en moi, me déstabilisant plus que me gênant. Je m’arrête dans cette torture pour me tourner lentement vers la source du problème. La vision floue, j’aperçois tout de même une jeune femme proche de moi, les mains tendues. Son nom m’échappe, son physique aussi, je suis simplement concentrée sur cette expression de terreur sur son visage bronzé. Je serre la batte dans mon poing, et, ne clignant pas une seule fois du regard, m’approche de cet individu. Elle recule d’un pas, tremblante, mais continue d’exercer cette pression inutile contre moi. Insensible, j’avance encore d’un pas, prête à lui faire subir le même sort que son prédécesseur.

Soudain, un cri d’animal retentit au-dessus de moi. Me retournant soudainement, je vois un hippogriffe se dresser sur ses deux pattes arrière, battant des ailes, me menaçant avec ses griffes, prêt à les abattre sur moi. Je reste immobile une seconde, surprise, puis, dans un élan de rage, lâche mon arme et lui saute dessus en un hurlement sauvage. Je le plaque dos au sol avec violence, mes yeux rouges le foudroyant du regard. Abasourdi, ne s’attendant pas à une telle réaction de ma part, l’animal reste un instant pétrifié, avant d’essayer de m’enlever. Ses pattes bougeant dans tous les sens, ses griffes passent près de mon visage, prêtes à me blesser. Je finis par en lui attraper une, et, dans un sursaut de fureur, la lui arrache. L’hippogriffe gémit alors, tandis que je me débarrasse de son membre en le jetant sur le côté. Sans lui laisser un instant de répit, je pose un pied sur son abdomen, attrape une de ses ailes de mes deux mains, et la déchire d’un coup sec. Nouvelle plainte. Du sang se déverse au niveau de la blessure. Ses forces le quittent peu à peu. Il tente de relever la tête, mais je lui attrape la gorge pour le plaquer à nouveau à terre. La haine contrôlant mon corps, je m’empresse de continuer mon massacre. Comme une furie, je lui lacère l’abdomen de coups de griffes, ses plumes s’envolant pour laisser place à de la chair, que je continue de déchiqueter. Sans but précis, juste… faire mal, faire horriblement mal, à lui, puis aux autres. L’odeur du sang m’enveloppe tandis que le liquide rouge coule sur mes mains. Ses yeux deviennent blancs, vitreux, sans expression. Son corps s’immobilise, sans vie. Ne me rendant qu’à peine compte de son état, je continue de déverser cette haine contre son corps déjà meurtri, encore, et encore, et…

Je cligne alors des yeux, plusieurs fois, puis m’arrête net. Je reste immobile quelques secondes, mes yeux se rétrécissant en contemplant le cadavre encore chaud sur lequel je suis appuyée. Je bondis brusquement en arrière en portant mes mains vers ma bouche, retenant un cri. Puis je les examine, pétrifiée, en les découvrant couverts de sang. Un soubresaut me secoue soudainement, je regarde à nouveau le cadavre du totem à terre, à mes pieds. C’est une véritable boucherie. Des membres arrachés, son abdomen fendu à tel point qu’on peut voir l’intérieur de son corps… Je redresse alors fébrilement le regard et le porte sur ce qui m’entoure. Dans un silence effrayant, les élèves, totems et professeurs me dévisagent avec une expression horrifiée. Certains sont en pleurs, d’autres épouvantés, d’autres ressentent un profond dégoût envers moi, tout cela au même moment. Quand mon regard se pose sur une petite fille, les joues mouillées de larmes, elle s’empresse de se cacher derrière l’infirmière scolaire. Tout près, contre un mur de l’Académie, se trouve un adolescent, allongé à terre, baignant dans le sang, meurtris. Je repasse à nouveau mon regard vers le cadavre devant moi, puis sur les yeux apeurés et haineux de toutes les personnes qui m’encerclent. Des tremblements me prennent soudain, j’essaie tant bien que mal de respirer, haletante, et me prends la tête entre mes mains.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je ne me souviens de rien. Je ne me souviens pas de… ça. Dès que j’essaie de me rappeler de ce qu’il s’est passé, mes souvenirs se disloquent, disparaissent. Il n’y a… que du noir. Je ne me rappelle rien, à part de ces ténèbres dans lesquelles j’étais plongée. Fais un effort ! J’étais à Olympium… je marchais dans la cour… et… rien… rien, je ne me souviens de rien à partir de ce moment-là. Seules les ténèbres m’accueillent quand j’essaie d’y voir plus clair. Pourquoi… ? Pourquoi je ne me souviens de rien ? Tremblant de plus en plus, j’évite ces regards dérangeants, ces corps meurtris. Je recule d’un pas, vacillante, évite de tomber de peu. Eux savent, eux ont vu ce que j’ai fait… Mais ont-ils vu… ? Non. Ils seraient déjà tous morts. Mais comment… comment est-ce arrivé ? Cela ne m’est jamais arrivé ! Jamais… comme ça ! Comment est-ce que cela a pu arriver, d’un seul coup ?! Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas…
Je recule d’un pas encore, puis d’un autre, me baisse lentement pour ramasser ma batte de base-ball, puis me mets à courir en direction des grillages. Je saute sans trop de peine au-dessus d’eux, puis cours, aussi vite que je peux, pour m’enfuir le plus loin possible de cette Académie de malheur.


(chapitre qui peut être modifié >.>)
Bref j'espère sinon qu'il vous a plu!
Ah, et la femme qui essaie d'utiliser son pouvoir contre Faustine est l'infirmière, Vicky Hactah, qui tentait de prendre son contrôle >->


Dernière édition par Faustine le Sam 23 Fév - 1:12, édité 1 fois
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Sam 23 Fév - 1:11
Faustine's origins (2/?)

Ce n’est pas possible… Ce n’est pas possible…
Mes pieds martèlent le sol à toute vitesse tandis que je continue de me répéter cette phrase en boucle. Je ne comprends rien. Je ne comprends rien à ce qu’il s’est passé. Sur le chemin vers la ville, j’essaie en vain de me rappeler de ce qu’il s’est passé, de ce qu’il a pu s’y passer. Je me mords les lèvres quand une hypothèse que je refuse d’admettre me vient à l’esprit. Non, ça n’a pas dû arriver, ça n’a pas dû arriver… Je repousse cette idée le plus loin possible, mais une infime part en moi la confirme. La gorge serrée, je continue de courir aussi vite que je peux, mes cheveux étant balayés par le vent avec la vitesse. Je ferme les yeux en avalant difficilement ma salive, tentant une nouvelle fois de me rappeler de quoi que ce soit, mais seuls les visages terrifiés et les corps meurtris me reviennent en mémoire. Non non non non ! Je rouvre soudainement les yeux, n’arrivant pas à me souvenir de ce que je veux. Remarquant alors que j’arrive au centre-ville, mes pieds foulant à présent du béton et non de l’herbe, je m’approche d’un immeuble et prends de l’élan pour monter au mur, m’y accrochant comme à mon habitude, progressant de plus en plus vite, sautant presque. Arrivée au toit, je me redresse en trébuchant, me redresse, continue à courir. Courir je ne sais où, je ne sais pourquoi, juste fuir, fuir tout ça, fuir cette incompréhension totale qui me ronge le corps et l’esprit. L’air frais me fouette le visage, j’essaie de l’inspirer avec difficulté. Troublée, ne faisant pas attention à ce qui m’entoure, je ne vois pas le vide en passant d’un immeuble à l’autre et tombe dans le vide. Tous mes sens en alerte, écarquillant les yeux en voyant le sol se rapprocher à toute vitesse, je m’agrippe au mur d’en face avec ma main libre et amortis ma chute en y plantant mes ongles jusqu’en bas. Mes pieds posés sur le sol, je reste une seconde immobile, essayant de réaliser ce qu’il vient de se passer. Lentement, je tourne la tête vers le mur. Ma main toujours posée dessus, je contemple les traces de griffes que j’y ai laissé avec horreur. Un nouveau soubresaut me prend. Courbée en deux, je me mets à tousser violemment, avant de porter une main à ma poitrine. Respire, respire ! Je tente désespérément de prendre de l’air, d’en engouffrer, de l’ingurgiter, mais ma gorge semble vouloir empêcher de prendre le moindre souffle. Après avoir passé une mèche de cheveux derrière mon oreille, je fais plus attention à mes mains ensanglantées, ainsi qu’à mon visage et mes habits tachés de sang. Il faut que je nettoie ça… de moi-même. Nouveau soubresaut. Je me tiens au mur pour ne pas tomber. Il faut que je me calme.

Je lève la tête vers les immeubles qui m’entourent, puis décide de grimper à nouveau sur celui dont j’étais appuyée. Arrivée près d’une fenêtre, je la brise d’un coup de poing puis pénètre dans l’appartement. Faisant à peine attention à ce qui m’entoure, je regarde la chambre vide d’un rapide coup d’œil puis me rue vers une autre porte, près de l’entrée. Une salle de bain. Je la referme brutalement derrière moi et jette mon arme sur le côté. Le dos collé contre la porte, j’examine rapidement la pièce. Petite, ayant à peu de place pour bouger. A droite, un radiateur, où une serviette est posée. A gauche, une baignoire. En face, un lavabo, avec un miroir. Je m’avance vers eux et ouvre le robinet d’un geste peu sûr. L’eau glacée y jaillit d’un seul coup. Je place mes mains sous cette eau, puis me la jette sur le visage. A force de répéter ce geste, l’intérieur du lavabo devient rouge, le sang se mélangeant à ce liquide. Peu après avoir nettoyé entièrement mon visage, mes mains et mes habits, je coupe l’eau et attrape la serviette sur le côté. Lentement, je la passe sur mon visage mouillé, puis m’arrête, me regardant dans le miroir. Bien que j’aie réussi à reprendre une respiration normale, mon visage, lui, me paraît plus fatigué. Il y a de quoi. Je jette la serviette dans un coin, pose mes deux mains aux extrémités du lavabo, essayant de me concentrer sur ce qu’il s’est passé. Olympium… J’étais à Olympium, c’est sûr. La récréation avait débuté… J’étais descendue du toit… puis je… Je… Je soupire d’exaspération quand les images disparaissent subitement de ma mémoire quand j’essaie de me souvenir de la suite. Seules celles de ces corps et de ces expressions m’entourant me reviennent. Je serre les dents en y repensant. Cette scène… cette scène aurait dû me réjouir, de voir, de profiter de cette immense peur qui les contrôlait, de cette terreur dont je leurs ai plus que tout fait ressentir. Et cet adolescent et ce totem… Cette torture que j’ai dû leur faire subir… j’aurai dû y ressentir un profond plaisir. Après tout, qu’est-ce que cette scène a de différent de mes habitudes ? Ce n’est nullement nouveau. Je tue. Je torture. J’effraie. Je m’abreuve de ces émotions, de la terreur, de la haine, du dégoût que les gens ressentent envers moi, rien ne me fait plus plaisir que ça. Mais pourquoi… Pourquoi est-ce que cela ne l’a pas fait à ce moment ? Et pourquoi ai-je eu un « blackout » ? L’hypothèse que je ne cessais de chasser vainement revient au galop. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais je sais… je devine ce qu’il s’est passé. Mes mains se serrent en un poing, mes dents mordent ma lèvre inférieure en y repensant. Ça doit être ça, mais si c’est vraiment le cas, comment est-ce arrivé sans que je ne m’en aperçoive ? Rien ne devait faire en sorte que ça arrive, rien ! Une. C’est arrivé une fois. Je baisse la tête en fermant les yeux, forçant pour me rappeler d’images floues et beaucoup plus lointaines. C’est arrivé une fois, mais les conditions n’ont pas été les mêmes qu’aujourd’hui, même si le résultat est le même. Enfin… pratiquement.
La première fois était un réel massacre.
Oui, aujourd’hui n’était qu’une mise en bouche, qu’un arrière-goût de ce qu’il était arrivé auparavant. Et… et même si c’est arrivé, comment cela a-t-il pu se reproduire ? Je m’étais jurée que cela ne recommencerait plus ! Je ne voulais pas ! Je ne l’ai jamais voulu ! Je ne l’ai jamais voulu… Car je n’en comprends rien ! Car cela me perturbe simplement plus qu’autre chose, que cela ne m’apporte que des questions et non des réponses à cette putain d’amnésie que je dois subir ! Et aujourd’hui… ? Rien, du noir, que du noir, une partie de moi qui a été effacé ! Encore et toujours cette amnésie ! Dont je ne connais toujours pas la cause !

Restant immobile quelques secondes, je me redresse finalement pour me dévisager dans le miroir. Puis, j’enlève ma capuche, descends la fermeture éclair de mon sweat pour l’enlever, et le jeter sur le bord de la baignoire. Je continue et enlève mon t-shirt blanc pour le mettre à côté. En soutien-gorge, n’ayant gardé que mon bandana autour du cou, je me dévisage à nouveau. Je dévisage mon corps, ma peau, mes muscles, puis mes cheveux blonds décoiffés, mes yeux bleus insolents. Je passe une main dans mon dos en me retournant à moitié pour essayer de le contempler. Des ailes d’ange. Ces mêmes-ailes, présentes sur mon sweat, ont disparues, pour apparaître dans mon dos. Ces marques, ces tatouages, sont présents quelques soient les habits que je porte. Elles sont gravées dans ma peau sans que je n’en connaisse la cause. Est-ce lié à mon pouvoir ? Les avais-je, avant mon amnésie ? Je sais en tout cas qu’elles sont remplacées par les ailes de démon quand je prends ma seconde forme. Mais leur origine m’échappe. Les ai-je eues au moment de mon amnésie ? Avais-je ces pouvoirs avant tout cela ? Avais-je néanmoins une quelconque identité avant ? Mes yeux s’écarquillent, ma respiration s’accélère avec toutes ces questions sans réponse. Est-ce que… Est-ce que j’existais avant ?!

D’un seul coup, le miroir face à moi éclate en morceaux. Les bouts de verre volent en éclats près de mon visage. Je lâche un cri de surprise et me protège par réflexe le visage avec mes bras. De morceaux y ricochent, d’autres viennent s’y loger, avant de tomber à terre dans un bruit sinistre. La respiration coupée, j’attends quelques secondes avant d’ouvrir un œil. Le miroir entier est fissuré, avec des trous noirs où étaient logés ces bouts de glace. Immobile, laissant mes bras le long du corps, je m’observe de nouveau, ce corps maudit déformé dans ce miroir brisé. J’essaie d’y trouver une explication, ai-je pris sans m’en rendre compte ma forme « démoniaque » sous la colère ? Abasourdie, les yeux bleus écarquillés, mes mains se mettent petit à petit à trembler. Sous ces tremblements, je baisse la tête, le visage sombre, puis les ferme en un poing pour frapper d’un coup sec le miroir en son centre.
« PUTAIN ! »
D’autres éclats de verre s’envolent à l’impact. Les dents serrées, le poing toujours enfoncé dans la glace, je remarque à peine avoir repris ma seconde forme. Les bouts de verre viennent se loger dans mon poing sans que cela ne me fasse le moindre effet. Je passe ma seconde main sur mon visage, puis, vacillante, la pose sur le rebord du lavabo. Sous mon poids, ne mesurant pas ma force, un morceau du lavabo s’écroule, me faisant tomber avec lui. Je retiens un cri quand je tombe à terre, le souffle coupé. Restant pétrifiée quelques secondes, je me redresse pour m’assoir entre la baignoire et le lavabo, ramenant mes jambes près de mon corps, tremblante.
Pour la première fois, j’ai envie de pleurer.
Pourtant, les larmes ne coulent pas sur mes joues. Après tout, à quoi cela me servirait de pleurer ? Je n’avais pas besoin de montrer de la pitié à quiconque. Mais là, maintenant, une immense tristesse me parcourt le corps. Je me sens… perdue. Perdue, inutile, ne savant pas pourquoi j’existe, ni quelle est ma place dans ce monde, où je n’en trouve pas. La force dont je fais toujours preuve ne me fait soudainement plus effet, je n’arrive plus à m’en contenter, je veux seulement comprendre, mais cette chose m’est impossible, inaccessible à atteindre. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Je me répète en boucle ce mot infernal dans mon esprit en enfouissant ma tête dans mes bras.

Soudain, le bruit d’une clé tournant dans une serrure me fait sursauter. Non ! Le résident de la chambre rentre… Je n’y avais même pas pensé… ! Merde merde merde ! Je regarde rapidement autour de moi, paniquée. Le miroir brisé, des bouts de verre, le lavabo abîmé, mon arme et mes vêtements traînant dans un coin… Et moi au milieu de tout cela ! Comment est-ce que je peux m’en sortir ? La pensée de le tuer me vient rapidement à l’esprit. Non. Non, je ne veux pas le tuer, ni utiliser mes pouvoirs, si c’est pour que cela se termine comme avant. Mais il va bien voir sa fenêtre cassée en arrivant ! Et s’il va dans la salle de bain ? Et, même s’il n’y va pas, mais qu’il reste dans sa chambre ? J’entends la porte d’entrée s’ouvrir. Je me lève d’un bond, attrape mon t-shirt et mon sweat pour me rhabiller à toute vitesse. Des bruits de pas calmes se font entendre de l’autre côté, puis s’arrêtent, puis s’accélèrent pour aller au fond de la pièce. Ça y est. Il a vu la fenêtre. Il va faire le tour de son logement. J’attrape ma batte et me planque dans la baignoire, tirant au passage le rideau de douche. Je ne peux pas sortir tant qu’il est là… Pars ! Va alerter la police, un voisin, je ne sais pas, mais pars ! La porte de la salle de bain s’ouvre d’un coup sec, dissipant mes pensées. Il est là. Je retiens ma respiration et arrête de bouger. Je n’aperçois que sa silhouette à travers le rideau, mais peux deviner avec cela, ainsi que le bruit de ses pas et de son odeur, qu’il s’agit d’un homme. Un jeune homme, peut-être un étudiant ou un jeune travailleur ? Peu importe, il faut qu’il parte. Il s’est avancé lentement vers le miroir, ayant dû le voir, et a marché sur des bouts de verre qui craquent sous son pied. Des injures sont marmonnées, plus effrayé qu’énervé. Et maintenant ? Je jette un coup d’œil vers l’extrémité du rideau, où je peux apercevoir la porte ouverte. Puis je l’observe, lui. Confirmant mes propos, il s’agit bien d’un jeune adulte, peu imposant, que je pourrais maîtriser sans trop de problème. Mais il ne doit pas me voir. Je réfléchis deux secondes, n’ayant pas tellement d’alternative. Il va falloir que je fasse vite. Je pose un pied en arrière, me préparant à sauter. Le locataire, peu rassuré, s’immobilise, comme s’il avait senti une présence.
« Il y a quelqu’un… ? demande-t-il d’une voix fébrile. »
Je bondis d’un coup hors de la baignoire, ne lui laissant à peine le temps de m’apercevoir, pour prendre la porte et la fermer derrière moi. M’étant emparée de la clé au passage, je l’enferme à double tours tandis qu’il frappe déjà pour sortir, hurlant de panique. Je glisse la clé sous la porte, ne voulant pas la laisser moisir dans sa salle de bain, ayant juste besoin de le retarder vu le temps qu’il mettra pour rouvrir. Je regarde des deux côtés, à droite la porte d’entrée, à gauche la vitre brisée, puis me décide d’allers vers celle-ci. En courant, je passe à travers le trou, sautant, puis me réceptionne sur le mur d’en face. Aussitôt, je me remets à grimper pour arriver sur le toit, et me mettre à courir pour m’éloigner le plus possible de cet endroit.

J'espère que vous avez aimé! Des avis, hypothèses? Smile
(chap qui peut aussi être modifié -w-)


Dernière édition par Faustine le Lun 25 Fév - 10:07, édité 1 fois
Kapuzcina-Mitzeronov
Kapuzcina-Mitzeronov
Messages : 389
Date d'inscription : 06/03/2018
Age : 23
Localisation : Dans ma chambre avec Clem et mon Rorok

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Contrôle toutes formes d'eau liquide
Animal totem (espèce + nom): Loutre, du nom d'Amarok, le nom d'un album de Mike Oldfield, l'un de ses musiciens préférés.
https://aventuresbaltimont.wordpress.com/

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Sam 23 Fév - 18:38
Wow...je ne m'attendais sérieusement pas à ce qu'il arrive pareille chose à Faustine... Et c'est durant ma lecture que je me suis rappelé de ce dessin que tu nous a montré sur ta galerie, où Faustine faisait face à un miroir brisé.
J'avoue, je suis stupéfait et...je ne sais pas trop...une petite pointe de satisfaction en voyant que quelque chose d'anormal arrive à Faustine XD Et puis, à un moment je me disais : Euh...c'est Faustine ou je rêve là ? On a perdu la VRAIE Faustine... x')
Enfin, bref ! J'attends impatiemment la suite, comme toujours ! Very Happy
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Sam 23 Fév - 19:00
Hé hé hé :^) ah oui tu te souviens de ce dessin! Et bien voilà, il illustrait ce chapitre! xD
Ah ah tu peux être content, pour une fois que c'est elle qui prend cher xD et encore ce n'est que le début Wink
Mais c'est la vraie Faustine ! xD nan je vois ce que tu veux dire, c'est sûr qu'elle ne peut pas agir normalement quand de telles choses lui arrive, mais elle reste la même après t'inquiète xp juste une mauvaise passade!
Contente que ça te plaise :3
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Dim 10 Mar - 22:32
La suite arrive bientôt ! J'ai moins le temps d'écrire avec les cours qui ont repris, mais je compte bien finir cet arc ;p
Kapuzcina-Mitzeronov
Kapuzcina-Mitzeronov
Messages : 389
Date d'inscription : 06/03/2018
Age : 23
Localisation : Dans ma chambre avec Clem et mon Rorok

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Contrôle toutes formes d'eau liquide
Animal totem (espèce + nom): Loutre, du nom d'Amarok, le nom d'un album de Mike Oldfield, l'un de ses musiciens préférés.
https://aventuresbaltimont.wordpress.com/

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Lun 11 Mar - 19:46
Cool ! ^^ T'inquiète, je suis patient ;-)
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Ven 15 Mar - 23:52
(j'aurai dû poster le chapitre plus tôt, mais suite à quelques péripéties de débuts de semaine, je ne le poste que maintenant x') bonne lecture!)

Faustine's origins (3/?)

/!\ merci de lire pour comprendre la suite ! Comme je n’explique pas les événements qui ont eu lieu à Olympium par le biais de mes autres OCs, je vais le faire ici.
Suite à la fuite de Faustine, Vicky Hactah, l’infirmière qui a tenté de l’arrêter, est partie d’Olympium pour contacter une agence policière (FBI par exemple) en secret. Elle a réussi à pouvoir leur parler, et leur a tout expliqué sur la présence de « la démone » à Olympium, ainsi que ses caractéristiques qu’elle a pu remarquer. Bien qu’elle n’ait pas parlé d’Olympium comme une académie avec des mutants, un des agents l’a manipulé pour soutirer des informations sous-entendant qu’il y en avait. (Grosso modo, avec l’arrivée récente de Trump au pouvoir, il a compris que cette école cachait quelque chose avec le pacte entre Obama et Ekinow sur son secret, et voulait enquêter dessus).


Je relève péniblement la tête en sentant des rayons de soleil m’illuminer. Assise contre un mur, les jambes ramenées vers moi, je cligne des yeux vers le soleil qui ne cesse de m’éblouir. Le matin. Je cligne à nouveau des yeux pour observer ce qui m’entoure. Toujours sur un toit, en hauteur, je m’étais adossée contre la cage d’escalier. Je me lève en soufflant, n’ayant pas bougé de la nuit, mes membres me hurlant d’être un peu plus active. Suite à tout ce merdier, j’ai simplement décidé de me poser, sans aller me défouler, sans aller tuer. Ça ne m’arrive que rarement, de faire ce genre de pause, mais là, j’en avais besoin. En avançant, je marche sur l’un de mes comics étalés par terre, à moitié ouvert. D’autres sont éparpillés un peu partout autour de moi, ayant lu pour passer le temps, avant d’abandonner, n’arrivant pas à me changer les idées. Je grogne en enlevant mon pied. C’est peut-être à cause du fait de ne pas avoir tué de la nuit, ou du trop-plein d’émotions d’hier, mais je suis de mauvaise humeur. Je passe une main dans ma poche de sweat, dans l’espoir d’y trouver une tablette de chocolat -apparut comme par magie qui sait- en vain. Putain. Je reprends ma batte adossée contre la cage d’escalier, avant de regarder l’horizon.

Qu’est-ce que je fais, maintenant ?

Pour être honnête, je n’en ai aucune idée. J’ignore ce qu’on fait les élèves et les profs suite à ma disparition. Ekinow doit avoir considéré que notre marché a pris fin, après le massacre qui a eu lieu. Personnellement, ça m’embête qu’il pense ça. Je n’avais pas prévu qu’il se termine avant quelques mois encore. Est-ce que ça y est, c’en est fini avec Olympium, je n’y retourne plus, et dois me chercher un autre moyen de m’occuper la journée ? A vrai dire, cette question n’est pas celle qui m’embête le plus actuellement. Je ne me vois pas reprendre…tout de suite, le cours normal des choses après ce qui s’est passé hier. J’ai besoin d’en savoir plus, d’en finir une bonne fois pour toute, sans quoi, je ne pourrais jamais être tranquille. Je veux retourner à cette Académie, pour… pour apprendre ce qu’il s’est réellement passé. Je veux comprendre, et savoir ce que les autres élèves ont vu. Ca… ça pourrait peut-être m’aider.
Soudain, une idée me revient soudainement en tête comme un flash. Elwen ! La dénommée « Blue Girl » … Son pouvoir est de voir dans le passé des gens ! Elle me l’avait dit, quand on s’entraînait, dans la forêt. Je n’avais pas relevé cette information, craignant de ce qu’elle aurait pu voir -ou pas. Mais à présent… Soudainement obnubilée par cette pensée, j’y attache un nouvel espoir, faible, mais bien présent. Il faut absolument que je retourne à Olympium. Mais, je… ne sais pas comment vont se comporter les autres. Les élèves, les profs, Ekinow… Ca m’étonnerait grandement qu’ils me laissent retourner à l’Académie sans m’en empêcher. Mon poing se serre sous la détermination. Tant pis. Mes intérêts passent avant tout.

Quelques temps après, je me retrouve devant Olympium. Quand je m’approche du portail, tout me parait silencieux, ce qui m’inquiète une seconde, l’établissement scolaire ayant pour habitude d’être extrêmement bruyant. Où seraient-ils tous passés ? Je me souviens alors qu’on est mercredi. Ils sont dans la forêt. Tant mieux, cela me sera plus facile pour interpeller Blue Girl. Je me dépêche de les rejoindre, voulant les atteindre avant que l’entraînement ne soit donné. Une à l’orée du bois, je me guide au son et à l’odorat pour finalement retrouver le groupe de mutants. Je m’arrête avant de les rejoindre, quelques pas en arrière. Comme tous les mercredis, les élèves encerclent les professeurs qui les répartissent dans leurs groupes respectifs, en réexpliquant brièvement les consignes. Quand j’observe le visage des élèves, quasiment tous me paraissent fatigués. Est-ce dû au lever matinal, ou au choc ressenti hier ? Ekinow les a-t-il rassurés, suite à mon départ ? Aucune idée. Apercevant Hiver, je serre des dents en pensant que cela aurait été bien mieux si c’était elle, la personne que j’avais attaqué… Je recule d’un pas alors qu’elle tourne son regard glacé dans ma direction, ne voulant pas être vue. Son expression reste impassible, un vrai cœur de glace. Que pense-t-elle de tout ça, elle ? Son esprit impénétrable et dérangé doit réfléchir à toute allure à pourquoi j’ai réagi comme ça, hier. Mais est-elle seulement triste, pour ce qu’il s’est passé ? Dur à savoir, elle reste indéchiffrable. Après avoir attendu qu’elle se retourne vers les professeurs, je me penche un peu plus vers le groupe pour analyser chaque tête de linotte pour trouver celle qui m’intéresse. J’aperçois alors la fille en question. L’adolescente aux cheveux noirs méchés de bleus est assise sur un rocher, les épaules basses, dos à moi. Je ne peux pas voir son visage. Aussitôt après, Ekinow lance le départ de l’exercice. Blue Girl saute de son rocher pour rejoindre d’un pas traînant sa coéquipière, sans grande motivation. Voyant tous les élèves se disperser dans les bois, je cours pour la rejoindre avec discrétion.
« Blue Girl, je chuchote. »
Aucune réponse. M’a-t-elle entendue ?
« Blue Girl ! »
Elle continue de traîner des pieds, derrière sa camarade, qui commence à la distancer. Je sors un peu plus de ma cachette pour me rendre plus visible.
« Elwen ! je crie.
- Quoi ?! »
L’adolescente s’est retournée d’un bond vers moi, ses yeux me foudroyant, la mâchoire crispée sous la rage. Ses poings se serrent, se retenant sûrement de me frapper.
« Qu’est-ce que tu veux encore ? Tu ne peux pas nous laisser tranquille, maintenant ? »
Sa voix est rauque, cassée par la colère et les larmes qui lui montent aux yeux. Je prends une seconde pour me rappeler que l’hippogriffe tué hier était… son totem.  Je serre les dents, comprenant pourquoi sa rage est si grande. Elle doit se forcer à se retenir de ne pas se jeter sur moi pour me déchiqueter en morceaux, comme je l’ai fait avec lui. Lui demander simplement d’utiliser son pouvoir sur moi ne marchera pas, bien sûr, dans de telles conditions. Les bras croisés, elle attend une réaction de ma part, cherchant ses mots, avant de reprendre :
« Je… je sais que t’en as rien à foutre des autres, de leurs sentiments, mais… mais va juste crever. »
Difficile de le lui reprocher, même si je me suis habituée à ce genre de remarques. Me souhaiter de mourir, c’est sûrement l’un des plus grands souhaits de beaucoup de personnes. Mais là n’est pas le problème. Je cherche comment je pourrais l’aborder pour qu’elle accepte d’utiliser son pouvoir, sans trouver réellement de solutions. Que je m’énerve, que je la menace ou que je lui demande pardon, rien ne semble pouvoir dissiper sa colère. Debout comme une pique devant moi, ses yeux se mettent à battre rapidement des cils pour contenir ses larmes. Elle semble attendre une quelconque réaction de ma part, un quelconque mot, mais aucun ne me vient à l’esprit. Elle doit bouillonner à l’intérieur, voulant que tout explose, que quelque chose se passe pour que sa colère puisse enfin éclater. Me pinçant la lèvre inférieure, je ne vois pas de moyens calmes et avec tact pour qu’elle utilise son pouvoir. Alors, ayant plutôt l’habitude des actes que des paroles, je lui attrape soudainement ses deux mains. Elwen a un mouvement de recul, surprise et apeurée, mais je lui tiens fermement les mains en la fixant du regard, attendant une expression sur son visage, un nœud au ventre. Elle finit par s’immobiliser à son tour pendant une seconde, ne sachant comment réagir, avant de se libérer de mon emprise d’un geste brusque.
« Qu’est-ce que tu fous ?! gueule-t-elle.
- Tu as vu quelque chose ? »
Impassible, je continue de la fixer du regard, me préoccupant peu de ce qu’elle a pu penser de mon geste. Les sourcils froncés, elle passe ses mains sur ses bras, ouvrant la bouche pour répondre, puis la refermant, cherchant ses mots, perturbée.
« Qu-quoi ?
- Ton pouvoir, tu m’as bien dit que tu pouvais voir dans le passé des gens, non ? »
Je termine cette phrase d’une voix légère emplie d’espoir, même si je sais très bien que je ne devrais pas l’être autant. Son visage s’éclaire alors, ouvrant la bouche en un « o », comprenant ainsi la signification de mon geste, avant de froncer à nouveau les sourcils, toujours pleine de rancœur.
« Je ne vois rien. Je n’ai aucune idée de pourquoi, mais ça ne marche pas sur toi. Il n’y a… que du noir. »
Décomposée, je reste un instant silencieuse, assimilant difficilement ces quelques mots. J’en cherche une explication, quelque part, du pourquoi, du comment. Je cherche, je cherche encore et encore, puis fronce les sourcils tout en serrant les dents. Pourquoi ne voit-elle rien ? Pourquoi… pourquoi ne voit-elle que du noir ? Et puis… elle devrait quand même voir quelque chose, au moins depuis mon amnésie jusqu’à maintenant ! Quelque chose dont je suis sûre d’avoir vécue ! Alors pourquoi…
« Tu mens. »
Les yeux écarquillés, fixant le vide, je finis par les remonter vers l’adolescente. Les poings tremblants, la surplombant de toute ma hauteur, mon expression s’assombrit devant elle. Nullement impressionnée, la colère l’emportant sur la peur, elle croise les bras pour répondre d’un ton amer.
« Non. Crois ce que tu veux, après tout, je m’en fous. Mais je te le dis, je ne vois rien. »
Je sais. Je sais qu’elle a raison, que je ne sais même pas pourquoi j’essaie de me convaincre qu’elle ment, alors que c’est normal. Qu’elle ne voit rien… A part du noir… Mes poings se serrent de plus en plus jusqu’à ce que je plante mes ongles dans la paume de mes mains. Je baisse la tête, essayant de contenir la rage qui monte en moi face à cet échec. Ca prouve que j’avais raison… Que j’ai raison de douter que cette amnésie n’est pas anodine… Mais j’aurais préféré me tromper, et qu’elle voit quelque chose, même si ça allait à mon encontre, mais je savais déjà que c’était peine perdue, de toute manière, elle aussi le savait déjà, c’est pour cela qu’elle ne craignait pas de me toucher, contrairement avec d’autres. Mais… mais j’avais un maigre espoir, ou plutôt un faux espoir fabriqué de toutes pièces, ne servant qu’à rendre cette douleur qu’encore plus insupportable.
« Au fait, reprend Elwen, même si tu t’en fous sûrement, l’ado d’hier, il est toujours vivant. Il est à l’hôpital, sa situation est critique, et même s’il échappe à la mort, il restera handicapé toute sa vie. »
J’écarquille les yeux à sa remarque. Elle parle de…l’adolescent… en sang… hier… ?
Elle arque un sourcil à la vue de mon étonnement.
« Dommage pour toi, tu aurais bien été contente qu’il crève, hein ? »
Crachant sa haine dans ces mots, la colère revient briller dans ses yeux, me défiant du regard, tandis que je reste perdue, la bouche fermée, immobile, devant elle. N’ayant plus rien à se dire, elle pose un pied en arrière, puis cours pour rejoindre sa camarade. Restant en plan pendant une seconde, je me rappelle alors soudainement ce que je devais aussi lui demander. Ce qu’il s’était exactement passé hier, pendant mon « blackout ». Je dois absolument savoir !
« Elwen ! »
Je ne me gêne plus pour hurler à présent son nom, mais elle ne réagit pas, étant peut-être déjà trop loin. Je commence à lui courir après, désespérée à l’idée de ne pas avoir de réponse.
« Elwen ! »
Je ne la vois même plus, mais continue de frapper le sol à toute vitesse, ne sachant même pas quelle direction elle a prise.

Quand soudain, une balle me frôle le bras.
Je m’arrête en dérapant, les feuilles d’automne volant autour de moi. Tous les sens en alerte, j’étais tellement concentrée sur Elwen que je ne faisais plus attention à ce qui m’entourait. Est-ce une balle d’un élève d’Olympium ? Un cri lointain d’adolescent venant de la forêt me confirme que non. Mais alors…
Tout à coup, un groupe d’hommes, armés jusqu’aux dents, sort de je ne sais où, équipés de pistolets, mitraillette et combinaison spéciale. Des casques recouvrent leurs têtes, m’empêchant de les identifier, mais je lis avec stupeur le nom écrit sur leur manche.
Le FBI.
A toute vitesse, ces agents m’encerclent pour que je me retrouve prisonnière. Serrant ma batte dans la main, je n’ai pas le temps de me demander ce qu’ils foutent là qu’ils commencent déjà à m’attaquer. Ils brandissent leurs pistolets pour mitrailler dans ma direction. Le souffle coupé, je me déplace à toute vitesse pour esquiver les balles, qui sont à deux doigts de me toucher. Mon instinct sauvage revient immédiatement, prenant ma deuxième forme tout en fonçant vers deux agents. Tous mes doutes envolaient, je ne me pose même plus la question de tuer ou non, je dois le faire. Les deux soldats pointent leur canon vers moi. Ils veulent jouer à ça ? Je feinte une approche vers la gauche pour finalement bondir au dernier moment vers la droite, pour me jeter sur la première femme. Elle tire dans ma direction, mais, bien trop prévisible, j’évite sans soucis les balles avant de la désarmer et de l’attraper pour la retourner vers ses compagnons, me servant d’elle comme un bouclier. Les balles viennent se loger dans son gilet pare-balles et dans son corps, mais il est trop protégé pour que cela la blesse suffisamment. Elle se débat alors et tente de me frapper, et n’ayant pas assez de mains pour l’arrêter, je me contente de la jeter violemment sur un autre soldat. Dès que je l’ai lâchée, ils profitent que j’ai perdu mon bouclier pour se remettre à tirer en rafale dans ma direction. N’ayant pas le temps d’esquiver complètement, je tente d’utiliser mon pouvoir pour disparaître dans les ombres, avant de me souvenir qu’on est en plein jour. Une balle vient se loger dans mon épaule, et un autre dans mon genou. Merde. J’ai l’habitude de me battre la nuit, je suis carrément désavantagée si je ne peux pas me déplacer à ma guise dans les ombres… Il n’y en a pas assez avec ce grand soleil. Je grince des dents en me tenant l’épaule, fronçant les sourcils, bien déterminée à ne pas me laisser faire. Ne faisant pas attention à mes blessures, je fonce à nouveau vers les soldats, me protégeant comme je le peux avec mon arme, avant de la lever au sol et de l’abattre sur l’un d’eux. Bien que le casque le protège partiellement, le coup est assez fort pour le déstabiliser un instant, assez longtemps pour que je m’empare de son arme et de tirer autour de moi. Les cartouches volent dans les airs avant de tomber lourdement sur le sol, tandis que les balles viennent se loger dans les protections ou dans la chair. Les blessures sont moins nombreuses que je ne l’aurais espérée, bien trop protégés. La dernière cartouche envolée, je balance l’arme sur le côté, mais aussitôt, on m’attrape par le dos en me prenant les bras. Je grogne de colère et de surprise, battant des jambes, tandis qu’un soldat pointe le canon de son arme vers ma tête. Utilisant une force soudaine, je plante mes pieds dans le sol tandis que je balance l’homme vers l’avant, sur son partenaire. Je récupère au passage mon arme, mais dès que je me relève, deux balles arrivent vers moi à toute vitesse. Instinctivement, je me protège le visage en mettant une main en avant pour me protéger partiellement. L’une vient se loger dans le creux de ma main, tandis que l’autre frôle mon visage, laissant une traînée rouge sur ma joue. Enragée, j’attrape la balle restée dans ma paume pour l’écraser d’un bref mouvement, avant de courir vers le responsable. Je saute en avant, l’attrape par le cou avant qu’il ne puisse esquisser le moindre geste, avant de l’écraser violemment contre le sol. Inerte, je passe au prochain soldat qui se trouve à ma gauche, tandis que les rafales reprennent. Je lui prends le bras pour le retourner d’un coup sec, un craquement raisonnant en même temps dans la forêt, tandis qu’il crie de douleur. Je lui attrape l’arme qu’il a lâché pour l’assommer en le frappant dans la nuque, et ainsi le mettre à terre. Je me retourne vivement en évitant une autre balle volant dans ma direction, les sourcils froncés, le visage sombre. Il en reste beaucoup, mais je ne fais même pas attention au nombre, ni ne me pose la question de si je réussissais à y voir le bout… Juste… j’arriverais… à tous les détruire. Je pose un pas en avant, puis un autre, tandis que toutes les armes sont tournées vers moi. Je serre mon arme avant de me jeter en avant dans la masse. Les détentes sont pressées, j’esquive les balles, seules rares arrivent à me frôler, tandis que je me jette avec la rage d’un animal sur l’un de soldats. Je le plaque au sol, le frappe à la tête d’un violent coup qui lui enlève son casque, révélant ainsi son visage abîmé. L’homme découvert le protège avec ses bras, les yeux brillant de colère et de peur. Je m’apprête à le frapper à nouveau, quand je m’arrête nette.

Est-ce que… ça va recommencer ?
La rage animale qui me consumait il y a seulement quelques instants se dissipe rapidement, reprenant au passage ma forme initiale. Je reste immobile quelques secondes, ma batte de base-ball levée dans les airs, avant de redescendre le bras et de la lâcher d’une main fébrile. Ce qui se passait… est-ce que j’allais encore avoir un « blackout » ? Cette rage… cette immense rage… n’est pourtant pas si différente que les autres fois… Mais à présent, rien ne me dit que j’arriverais à m’arrêter, ni même que je garderais le contrôle. Mes pulsions meurtrières n’ont pas totalement disparu, mais cette peur y est plus grande. L’homme enlève ses bras, étonné et effrayé de mon soudain comportement. Les yeux écarquillés, je ne le vois même pas, regarde le vide, ma vision se floutant. Je cligne des yeux, essaie d’y voir plus clair, mais cette sensation d’être bourrée me secoue la tête et le corps, tout tourne autour de moi de manière floutée. Je me redresse vivement et recule de quelques pas, me prenant la tête dans les mains. J’essaie de comprendre, de discerner les choses, tout ayant la désagréable sensation que des voix hurlent dans ma tête. Ce charabia me fait tourner en rond, je ne comprends plus rien. Des taches noires apparaissent et disparaissent dans mon champ de vision flouté, comme un vieux film tournant sous mes yeux. Je cligne plusieurs fois des yeux, essayant d’y voir plus clair, en vain.
Un poids me jette alors violemment à terre avant que je ne m’évanouisse.

voilà! le chap était un peu plus pénible à écrire que les précédents (scène de combats etc x') mais je pense avoir tout dit Smile j'ai maintenant encore plus hâte de poursuivre, les choses intéressantes vont commencer par la suite êwê


Dernière édition par Faustine le Sam 23 Mar - 22:20, édité 1 fois
Kapuzcina-Mitzeronov
Kapuzcina-Mitzeronov
Messages : 389
Date d'inscription : 06/03/2018
Age : 23
Localisation : Dans ma chambre avec Clem et mon Rorok

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Contrôle toutes formes d'eau liquide
Animal totem (espèce + nom): Loutre, du nom d'Amarok, le nom d'un album de Mike Oldfield, l'un de ses musiciens préférés.
https://aventuresbaltimont.wordpress.com/

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Ven 22 Mar - 23:06
Waouh ! Excellent ! C'est sûr que cela nous donne envie de voir les choses intéressantes que tu nous réserve ! ;-)
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Ven 22 Mar - 23:17
Ravie qu'il te plaise ^^ La suite est déjà en cours ;D
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Sam 23 Mar - 22:44
Faustine's origins (4/?)

Faustine…
Faustine…
Faustine…
Réveille-toi Faustine…


Mes paupières s’ouvrent lentement. Aussitôt, une puissante lumière blanche m’éblouit. Je m’efforce de cligner plusieurs fois des yeux tout en fronçant des sourcils pour essayer de voir quelque chose. Ma bouche tente de s’ouvrir pour dire un mot, mais je sens quelque chose la recouvrir. Je tente de bouger et d’amener ma main vers mon visage, mais mon corps entier semble emprisonné. Bien que mes idées soient peu claires, j’aperçois que je suis vêtue d’une camisole blanche qui empêche le moindre de mes mouvements. Des chaînes sont attachées à mon cou, mon corps, mes bras et mes jambes, reliées au mur juste derrière moi. A genoux, le dos courbé, je peux difficilement bouger. Ma bouche, quant à elle, est cachée par une muselière en cuir, avec juste un petit trou à son niveau, attachée par trois petites barres métalliques. Putain… qu’est-ce que je fous ici ? M’en remettant peu à peu, je constate que je suis tout simplement emprisonnée, à la vue de la petite pièce blanche, et de la porte blindée en face de moi, au fond de la pièce. Mais, choses anormales de cette prison, sont ces puissants projecteurs qui m’éclairent. Ils pourraient aveugler un simple être humain à un bref coup d’œil. Grinçant des dents, je tourne la tête des deux côtés. Deux soldats m’encadrent, leur corps tout entier étant protégé, dont avec des lunettes de protection, ainsi qu’une mitraillette dans leurs bras. L’un d’entre eux, voyant que je me suis réveillée, attrape son talkie-walkie pour échanger de brefs mots inaudibles. Je me retourne face à la porte, les épaules baissées, sachant que je n’obtiendrai rien de leur part.

Peu de temps après, la porte s’ouvre. Un homme tirant vers le troisième âge, à l’allure d’un militaire à la vue de son costume décoré et de sa posture rigide et sévère, s’avance vers moi, seul. J’arque un sourcil, me demandant ce qu’il peut bien foutre là. Il adresse un bref regard vers les deux soldats qui se redressent d’un seul coup, leurs poings cramponnant leur arme comme si elle allait leur échapper des mains. Son expression est dure et impénétrable, tandis que je le foudroie du regard. Qu’est-ce qu’il veut ? Se vanter d’avoir réussi à m’attraper et jeter dans sa prison ? Il se baisse pour se mettre à ma hauteur, plongeant ses yeux dans les miens.
« Qui es-tu ? »
Mes pupilles rétrécissent d’un seul coup à l’entente de ces mots, articulés lentement. La colère prend place à la surprise, fronçant les sourcils, ne pouvant ni répondre, ni ayant l’envie de le faire. L’homme reste quelques secondes face à moi avant de se relever.
« Tu ne te souviens pas de ce qu’il s’est passé ? demande-t-il d’une voix grave. Tu t’es évanouie. Et nous t’avons attrapé. »
Ca, je m’en souviens. De brefs flashs de ce fameux combat me reviennent en mémoire. Le problème, c’est que j’ignore combien de temps s’est passé depuis, et où je suis.
« On t’a embarqué dans un fourgon, pour t’emmener dans ta cellule. Tout était sécurisé. La route, le fourgon, et dix hommes sont restés avec toi pour te surveiller, bien qu’attachée et inconsciente. »
Je ne relève pas sa remarque, tout cela ne me paraissant pas anormal. Où veut-il en venir ? Il nous fait perdre notre temps, à tous les deux. Voyant que je ne réagis pas, il se contente de continuer d’une voix perçante :
« Quand on a ouvert le fourgon, tous les soldats étaient morts. Tu gisais au milieu de ce massacre, avec tes blessures guéries, et toujours inconsciente. »
Ma respiration se coupe à cette nouvelle. Je n’avais pas fait attention à mes anciennes blessures à mon réveil, ayant l’habitude qu’elles soient soignées après un combat. Mais… le fait que tout le monde soit mort… Et que j’étais toujours inconsciente… Il arque un sourcil, constatant enfin une réaction de ma part.
« Si l’on rajoute à ce fait des ailes d’ange noires qui ont apparu dans le dos de ta camisole, et les supposés pouvoirs dont on te soupçonne d’avoir, on peut se poser ce genre de question. »
Son ton presque satisfait me donne juste envie de lui donner un coup de poing dans la gueule. Je remue pour essayer de me relever, en vain, retombant misérablement sur les genoux, tandis que les chaînes s’entrechoquent derrière moi. Un bref sourire narquois se dessine sur son visage en voyant ma faiblesse, avant de reprendre son expression impassible. La méprise se lit dans ses yeux. Comment une gamine, comme moi, seule et ayant l’air sans défense, aie pu massacrer autant de personnes. Mais il sait aussi de quoi je suis capable. Sinon, je ne serai pas enfermée de la sorte. Il me juge simplement, méprise le monstre dont j’en suis la réputation, maintenant qu’il se croit hors de danger.
« Penses-tu pouvoir me répondre ? »
Je le foudroie du regard, reconsidérant sa question, avant d’élargir un grand sourire, dont il ne peut voir qu’une partie à cause de ma muselière.
« Va savoir, » je ricane, malgré la protection.
C’est à son tour de me lancer un regard noir face à ma désinvolture. Je me contente de le soutenir sans baisser des yeux, gardant cette expression insolente sur le visage. Ses poings se crispent pour contenir sa colère, se retenant de me frapper, avant de se tourner d’un seul coup vers la porte, la posture droite. Il sort de la pièce avec le peu de dignité qu’il a, claquant violemment la porte. Le silence revient immédiatement. Les soldats restent immobiles, telles des statues de cires, à mes côtés.

Et maintenant ?
En réalité, rien ne me retient ici. Malgré leurs protections mises en œuvre pour me retenir dans cette cellule, je peux toujours m’échapper. Les chaînes, bien que paraissant très solides, pourraient sauter si je donne un geste brusque pour m’en défaire. La camisole reste un bout de tissu que je pourrais arracher pour libérer mes membres, où il me suffirait par la suite d’enlever cette muselière qui m’empêche de mordre. Quant aux deux soldats à mes côtés, bien qu’armés jusqu’aux dents et sûrement avec tous leurs sens en alerte, je peux me débrouiller pour les maîtriser. Et pour ces puissants spots de lumières qui illuminent la pièce, il me suffit de cligner des yeux pour qu’elles explosent en mille morceaux. D’ailleurs, ces lumières m’intriguent. Je me doute qu’elles ne sont pas communes aux cellules traditionnelles. En fait, cette cellule entière a été préparé à ma disposition. En repensant à l’attaque qui a précédé mon emprisonnement, elle n’a pas non plus eu lieu par hasard. Les soldats étaient préparés, et savaient que je passais mon temps à Olympium.
Quelqu’un a donc vendu la mèche.
Malheureusement, je ne peux pas deviner de qui il peut s’agir en restant ici. Mais, à vrai dire, ce n’est pas très important pour l’instant, le résultat est là. Cette personne a renseigné les forces de l’ordre sur l’endroit où je passais le plus de temps, donc Olympium, tout en fournissant des détails que la police n’avait pas trouvés elle-même, comme ma faiblesse à la lumière, dû aux projecteurs présents ici, ainsi qu’à leur attaque en plein jour.  Mon évanouissement leurs a bien sûr été d’une grande aide pour me capturer, mais je dois bien avouer qu’ils étaient mieux préparés qu’avant. Mais je n’ai qu’à m’enfuir d’ici, et retourner à San Francisco.
Mais je ne le ferais pas.
Non, je veux rester ici. Je n’ai jamais passé cette étape, en fait. D’être attrapée. J’ai toujours réussi à échapper à l’armée, à m’enfuir, avant de tuer à nouveau, pour m’échapper, et ainsi de suite. Maintenant que je suis ici, je suis curieuse, terriblement curieuse de savoir ce qu’ils veulent faire de moi. Pour une fois que je suis emprisonnée, autant voir ce qu’ils me réservent ! Je sais que rien ne me retient ici, de toute manière, si je souhaite partir. Mais cette curiosité, presque malsaine, me pousse à rester docilement enfermée jusqu’à leur verdict. Jusqu’où sont prêts à aller ces êtres humains, remplis de haine et de vengeance à mon égard ? Quelle décision vont-ils prendre ? Et comment réagira la population. Un sourire diabolique s’élargit sur mon visage. Pour l’instant, je ne compte pas reprendre mes recherches par rapport à Olympium. Bien qu’il y ait toujours des points que je souhaite éclaircir, notamment par rapport à l’attaque, cette péripétie m’excite vraiment, et me remet d’aplomb. Je l’admets, j’ai perdu cette partie. Mais le jeu n’est pas encore fini…



« Le président Trump souhaite te parler. »
Cette nouvelle me sort immédiatement de ma somnolence. Sentant la présence de mon meilleur ami le général, je prends tout mon temps me réveiller, avec toute la lassitude dont je suis capable, avant d’enfin lui prêter attention. Ne pouvant pas parler correctement, je me contente d’afficher une expression étonnée, voulant savoir la raison de la venue de ce très cher président. Réflexion faite, cela ne m’étonne qu’à moitié. Durant toute sa campagne électorale, il n’a cessé d’acclamer qu’il redressera les Etats-Unis, la rendra plus forte, militairement parlant, et qu’il commencera cette avancée en m’attrapant. Avoir réussi à tenir cette folle promesse le crédibilise. Reste à savoir ce qu’il voudra faire de moi. Aussi égocentrique soit-il, il a dû passer ces dernières heures à se vanter de son mérite sur tous les réseaux sociaux. Il n’empêche, vouloir me voir avant un quelconque procès m’intrigue. Je ne dois être qu’une vulgaire criminelle à ses yeux, rien d’autre. Ah ! Dois-je me sentir privilégiée d’avoir un tête-à-tête avec lui ?

Deux autres soldats armés débarquent derrière le général. Ils braquent leur mitraillette dans ma direction, ne me lâchant pas un seul instant. Pourquoi se sentent-ils obligés de me menacer ? Les deux autres hommes qui me gardaient commencent alors à détacher les chaînes qui me détiennent prisonnière. Surprise, je peux me mouvoir un peu plus, malgré la camisole, et les autres chaînes qui entourent mon corps. Je comprends alors la présence de ces nouveaux venus. Ils ont peur que je ne profite de cet instant de faiblesse dans leurs protections pour que je me déchaîne. Ne vous en faites pas, je n’en ai pas l’intention, et je ne peux même pas me lever de moi-même. Les deux soldats m’ayant « libérés » m’attrapent par les bras pour m’aider à me mettre sur les pieds. Je leur lance un regard plus insolent que reconnaissant. Aussitôt relevée, un autre homme me recouvre les yeux d’un bandeau noir, me privant de la vue. Ainsi, ils pensent m’empêcher de tenter quoi que ce soit, sans réfléchir que la vue n’est pas le seul sens qui me permettrait de m’échapper. Mais, docile, je les laisse faire. Tout en gardant mes bras fermement tenus, je sens qu’on me guide hors de ma cellule. Traverser ces couloirs avec les jambes attachées n’est pas chose facile, je dois bien l’avouer, même s’ils sont à moitié en train de me traîner de force. Quant à leur bandeau, il doit finalement servir à ce que je ne trouve pas une quelconque sortie dans ces dédales. J’en profite d’être à l’extérieur pour sentir les odeurs qui m’entourent, espérant trouver un détail intéressant. Mais seuls les effluves dégueulasses de prison viennent à moi. Je sens tout de même la présence d’autres personnes, armées elles aussi. Mais je n’entends ni ne sens d’autres prisonniers. On dirait que personne n’est autorisé à me voir, à part l’armée, et le président.

Quelques minutes après, j’entends une autre porte s’ouvrir pour m’y faire entraîner. On me guide jusqu’à ce qu’y s’apparente à une chaise, puis on me force à m’assoir dessus. Finalement, le bandeau est retiré, et, à ma plus grande surprise, ma muselière aussi. Aussitôt, je regarde autour de moi. C’est une toute petite salle, avec seulement une table et une chaise en face de moi. Une lumière bleue/grise défaillante éclaire sombrement la pièce. Des caméras sont installées aux quatre extrémités de la pièce, et une porte se trouve devant et derrière moi. Les soldats sortent par cette dernière, me laissant seule un instant. Juste après, celle de devant s’ouvre. Trump. Encore plus dégueulasse qu’à la télé, dis donc. Un gros ventre gras, un sourire satisfait de pervers, il se rapproche plus du porc que de l’humain. Et ce n’est pas un peu de gel dans ses cheveux sales ou un costume trop serré pour lui qui arrangera les choses. Son sourire s’élargit en me voyant. Il ferme la porte derrière lui et prend la chaise en face de moi, pour ensuite ramener ses mains dans sa direction. Assise de manière désinvolte, j’attends simplement qu’il dise quelque chose. Les quelques secondes qui ont suivi n’ont été que silence. Il se contente de m’observer. Qu’il prenne son temps, après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve en tête-à-tête avec moi ! Et ça vaut de même pour mon cas. Quel honneur ai-je de pouvoir rester seule avec lui ! Un vrai dîner romantique !
« Bonjour, démone. Comment vas-tu ? »
Un rire veut transpercer mes lèvres, à l’entente de sa stupidité. Il reste donc poli, même avec une criminelle attachée par une camisole et des chaînes, dis donc ! Comment pourrais-je aller mal, de la sorte ?
« Pour un premier rencard, tu aurais pu faire mieux, je déclare d’une moue boudeuse. Kidnapper et enfermer une fille pour le premier soir, ce n’est pas très romantique. A moins que tu aimes le BDSM ? Ça expliquerait les chaînes.
- Tu comprends bien qu’on ne pouvait pas te laisser sans… protections.
- C’est vrai qu’il serait dommage que je croque ton bidon bien gras dès notre première rencontre, hm ? »
Loin d’être vexé, un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. Il savoure cette supériorité qu’il a, d’être libre contrairement à moi. Prise au jeu, je souris de même, ayant hâte de voir la suite.
« Eh bien, qu’est-ce que ça fait d’avoir attrapé la démone ? Pas trop déçu que je ne ressemble qu’à une banale gamine ?
- J’en suis bien évidemment très fier. Tu es l’exemple qui montre la force nouvelle que j’exerce sur le pays. Mon prédécesseur n’en avait rien à faire de t’attraper, ou bien était trop faible pour réussir, contrairement à moi. »
Egocentrique, je le savais. J’ai plus l’impression de ressembler à un trophée, ou à un gros lot gagné à la fête foraine, plutôt que d’une réelle menace enfermée en prison.
« En effet, moi, j’ai promis de redonner une grandeur encore plus éclatante aux Etats-Unis. Et tu étais la personne parfaite pour montrer l’exemple de ce que nous sommes capables, avec un vrai dirigeant au pouvoir. Tu étais une menace inarrêtable, qui inspirait la crainte, en t’emprisonnant, ce sont les autres pays qui vont nous craindre, maintenant. »
Se vanter doit être sa passion favorite. Est-ce que le matin, il s’embrasse devant le miroir ? Est-ce qu’il baise en pensant à lui ? Je plains sa famille, à moins qu’elle ne soit aussi conne et égocentrique que lui.
« Arrête ces conneries. »
La surprise se lit sur son visage tandis que je prononçais ces mots d’un air agacé.
« Dis-moi ce que tu veux vraiment, tu nous fais perdre du temps à tous les deux. »
Il ouvre la bouche, la ferme, la rouvre d’un air hébété. Souriant malicieusement, je m’installe confortablement au fond de la chaise.
« Tu n’es pas venu me voir uniquement pour te vanter. Sinon, pourquoi les caméras seraient éteintes ? Je doute fortement que ça soit un oubli de ta part. Et, de toute manière, elles n’auraient pas fonctionné, à cause de moi. Mais ça, tu le savais déjà, hm ? Alors, pourquoi les avoir laissées éteintes volontairement ? »
Un ricanement sort de ma gorge, satisfaite d’avoir vu juste à la vue de son air idiot.
« Tu n’aurais pas pris le risque de t’isoler des seules personnes capables de te protéger contre moi, en leurs empêchant de nous voir et nous entendre, si ce n’était pas pour parler de quelque chose de réellement important. »
J’arque un sourcil.
« Je me trompe ?
- Perspicace. »
Il croise les bras pour admettre sa défaite, avant de rapidement reprendre confiance en lui. Maintenant, nous pouvons passer aux choses sérieuses.
« Je veux te proposer un marché. »
Un… marché ?
« Travaille pour moi. »
C’est à mon tour d’être surprise. Je remets en doute ce que je viens d’entendre, avant de me demander s’il n’est pas devenu aussi fou que moi. Mais non, il vient bien en âme et conscience de… travailler pour lui. Comme si j’allais accepter ! J’ouvre la bouche pour répondre, mais il me coupe aussitôt.
« Ton premier réflexe serait de refuser. Mais prends le temps de réfléchir. Penses-tu réellement avoir le choix ? »
Sa vanité mise de côté, il semble soudainement très concentré. Je me reprends et écoute ce qu’il a à dire, peu emballée.
« Tu es prisonnière ici, et tu n’as plus aucun avenir. On ne sait pas encore quel sera le résultat de ton procès, mais soit sûre que ta peine sera lourde, très lourde. Tu ne t’en tiras pas à si bon compte, pas après tes massacres commis. Ecoute plutôt ma proposition. Je te propose de tuer pour mon compte. On te fera passer pour morte, ou alors enfermée ici jusqu’à tes derniers jours, alors qu’en réalité, tu seras ma soldate privée. Tu n’es pas une simple mutante, tu as des capacités hors normes. Tu peux espionner, t’infiltrer facilement n’importe où, tuer n’importe qui, et de la manière de ton choix. Le pays et moi avons de nombreux ennemis. Tu n’imagines pas tout ce que l’on pourrait faire ensemble. Tuer un opposant politique, renverser un tyran, un terroriste, jusqu’au simple ménager. Tu peux même détruire une ville à toi toute seule. Tu seras ma bombe atomique, que personne d'autre ne possédera. Tu redeviendras libre, mais à mes ordres, et tu pourras de nouveau tuer. Quant à moi, je pourrais profiter de tes pouvoirs. C’est du donnant-donnant. »
Il semble avoir réfléchi à cette proposition depuis un moment. Son plan est bien mûri, et paraît même logique dans un sens. Il me redonne ce qu’il m’a pris, tout en m’empêchant au passage d’être embêtée par l’armée américaine, tandis que je massacre pour son compte, dans la plus grande discrétion. Et, cerise pour le gâteau, personne ne saura que c’est moi, car il fera croire au monde entier que je ne suis plus apte de partir. Il veut m’utiliser pour son propre compte. Il aurait pu capturer n’importe quel autre mutant, à Olympium. Ou bien ça a déjà été le cas, mais je l’intéresse plus particulièrement. Ça confirme au passage que l’attaque n’avait pas que moi pour objectif, mais les autres élèves. Il veut les pleins pouvoirs. Exercer une force et une terreur sur tous ses opposants. Il n’est pas si bête, utiliser une meurtrière crainte de tous pour répandre la peur est une bonne stratégie. Et, dans mon cas, cela serait stupide de refuser.
« Non. »
Ses yeux s’écarquillent, croyant avoir mal entendu.
« Qu-quoi ?
- Je refuse. »
Sa tête devient petit à petit rouge. Il ne pouvait pas croire ce qu’il entendait. C’était illogique, impensable, une alternative qu’il n’avait pas prévue, une réponse que je ne pouvais donner. Son plan est mis à mal. Une veine grossit sur son front tandis qu’il serre les poings, la fureur montant en lui.
« Réfléchis bien. Tu n’as pas d’autres alternatives. Je peux t’offrir ce que tu souhaites ! Ce… ce n’est pas assez ? Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?! De l’argent ? Une maison ? Non, tout ça ne t’intéresse pas… C’est tuer que tu veux, hein ? Tu as peur de ne pas pouvoir assez tuer, sous mes ordres ? Très bien ! Je peux te fournir des hommes ! Tu en feras ce que tu veux, tu pourras les massacrer si cela te chante ! Ça te va ? »
Son débit de parole s’accélère au fur et à mesure qu’il parle, cherchant désespérant une solution. De mon côté, je suis plutôt surprise de ses offres. Il serait capable de me fournir des êtres humains sans remords, tant que j’accepte d’être commandée. Je ne le croyais pas aussi avide de pouvoir. Mais la détermination brillant dans son regard me prouve le contraire. Je me contente de hausser les épaules devant ses propositions.
« Je m’en fous de tout ça. Tu ne comprends pas. Ce que je veux, c’est être libre. Libre de faire ce que je veux. Tuer de moi-même, sans que l’on ne me dicte quoi que ce soit. Sans être sous les ordres de quelqu’un. »
Une expression de dégoût à son égard, je crache ces derniers mots :
« Je préfère encore pourrir ici plutôt que d’être commandée par un porc comme toi. »
On pourrait croire qu’il va exploser, qu’un volcan va rentrer en éruption à l’intérieur de son corps. Ses poings se serrent et se desserrent, sa bouche se contracte, ses yeux globuleux grossissent, tandis que sa peau orangée vire à un rouge brûlant. Tout doit éclater dans sa tête, de vrais feux d’artifices. Sa confiance en lui s’est envolée, l’abandonnant seul face à sa rage qui le consume. Il me frapperait s’il n’en connaissait pas les conséquences. Je me contente de le regarder d’un air blasé, n’ayant rien à faire de sa réaction, restant sur mes positions. Lui ne supporte pas que je réagisse comme ça, que je lui échappe entre les doigts, et que rien ne puisse me faire changer d’avis. Il se lève alors d’un seul coup, manquant de faire tomber sa chaise, en me pointant du doigt.
« Ne crois pas t’en tirer comme ça ! hurle-t-il. Si tu laisses passer ta chance… il n’y aura plus de retour en arrière possible ! Je suis ta seule option ! Et je te ferais payer si tu ne la choisis pas ! »
N’attendant plus aucune réponse de ma part, il ouvre violemment sa porte pour s’y engouffrer d’un pas rapide. Je reste alors seule, dans la pièce. Quoiqu’il en pense, je ne compte pas changer d’avis. Je ne suis pas faite pour être commandée, utilisée. Tuer n’est qu’un passe-temps, qu’un plaisir, mais ce qu’il m’importe le plus, c’est d’être libre, de faire ce que je veux. Et ce n’est pas ce clown qui me fera abandonner mes principes.
La porte derrière moi s’ouvre, puis on m’attache d’un geste brusque le bandeau noir sur les yeux. Maintenant, voyons ce qu’ils préparent pour mon cas.
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Jeu 2 Mai - 18:24
La suite est en cours d'écriture ^^
Kapuzcina-Mitzeronov
Kapuzcina-Mitzeronov
Messages : 389
Date d'inscription : 06/03/2018
Age : 23
Localisation : Dans ma chambre avec Clem et mon Rorok

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Contrôle toutes formes d'eau liquide
Animal totem (espèce + nom): Loutre, du nom d'Amarok, le nom d'un album de Mike Oldfield, l'un de ses musiciens préférés.
https://aventuresbaltimont.wordpress.com/

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Jeu 2 Mai - 19:30
Raaaah il FAUT que je lise cette quatrième partie ! Mais je ne le pourrais pas jusqu'à mi-juin, c'est-à-dire mes épreuves de bac...
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Dim 12 Mai - 18:02
Pas de souci, je peux attendre, mais je continuerai de poster ^^
Bon j'ai eu quelques problèmes avec Word pendant un moment mais là c'est reparti, donc je peux continuer ^^
Faustine
Faustine
Messages : 483
Date d'inscription : 07/03/2018
Localisation : à San Fransisco en train de foutre la merde

Feuille de personnage
Pouvoir (description brève): Ombres et cauchemars
Animal totem (espèce + nom): Aucun

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Lun 8 Juil - 18:26
Faustine's origins (5/?)

Le temps me paraît long, interminable. J’ignore depuis combien de temps je suis dans cette foutue cellule. Trois heures ? Trois jours ? Depuis mon entretien avec Trump, on ne m’a plus fait sortir d’ici. Je n’ai plus aucun contact avec l’extérieur, personne ne vient me voir, et les deux soldats qui me gardent ne sont pas très bavards. J’aimerai bien lancer un sujet de discussion, savoir si leur boulot n’est pas trop chiant, s’ils n’ont pas trop peur en ma présence, mais cette foutue muselière m’en empêche. Néanmoins, ils réagissent à la moindre petite chose. Si je bouge un peu pour me redresser, me rassoir, ou que les lumières se mettent à clignoter quand je commence à avoir du mal à les supporter, ils braquent leur arme dans ma direction, jusqu’à ce que je sois immobile. Putain. J’ai accepté mon sort et reste ici sans rien faire, mais l’ennui est une des choses que je déteste le plus. S’ils comptent m’enfermer ici à vie, ou même quelques semaines, je n’aurai plus la patience d’attendre qu’ils fassent quelque chose de moi.

Le bruit de la porte grinçant en face de moi me sort de mes pensées. Le cher général prend place face à moi, le visage neutre. Lui lançant un sourire sarcastique, j’attends avec impatience la raison de sa venue.
« Tu es convoquée au tribunal, aujourd’hui. »
J’arque un sourcil à sa déclaration. Le tribunal ? Je me doutais que j’allais devoir y faire face à un moment ou un autre. Me confronter à la justice, répondre aux crimes que j’ai commis… Mais honnêtement, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. Je ne sais même pas comment ça fonctionne exactement, je n’en ai vu que dans des films ou des livres. J’ignore ce qui m’attend là-bas. Mais, enfin, quelque chose se passe. Je suppose qu’ils n’ont pas le droit de m’enfermer ici sans m’avoir jugé, même si je suis la pire salope dans ce monde.
Derrière le général, une troupe de soldats armés déboulent dans la cellule. Aussitôt, deux bourreaux s’approchent de moi pour me mettre à nouveau un bandeau noir sur les yeux. Mes chaînes tombent à terre, ne me libérant que partiellement, tandis qu’on m’attrape par les deux bras pour m’amener hors de la salle. Cette fois-ci, la marche est plus longue que la dernière fois. N’arrêtant pas de tourner sans cesse, cette prison doit être un véritable labyrinthe. J’ai abandonné l’idée de me repérer au bout d’un énième couloir que nous traversions. Toujours aucun bruit ou aucune odeur ne me permet de déceler où pourrait être la prison. Est-ce une précaution prise de leur part, ou pas ? M’a-t-on simplement isolé dans une prison, sans personne d’autre ? Toute hypothèse est possible, quand il s’agit de me garder en sécurité. Seule la présence des soldats me paraît, me laissant ainsi frustrée.
Après quelques minutes et un dernier escalier descendu, j’entends une porte de voiture s’ouvrir. Voiture, je dirai plutôt fourgon. La portière est lourde est grinçante, pas légère comme un plus petit véhicule. On me guide jusqu’à l’engin, tout en me prévenant qu’il y a une marche. A tâtons, j’arrive à monter sans difficulté, avant qu’on ne m’asseye au fond sur un banc. D’autres soldats montent à bord du véhicule, à ma suite. Au bruit, je juge qu’une petite dizaine de gardes est présente pour me surveiller. Ils mettent des précautions. Mais je sens l’odeur de la peur. Ils ont peur, peur de ce que je pourrais leur faire, après le massacre qui est arrivé en m’emmenant en prison. Cool, les mecs. Ça ne se reproduira pas cette fois.
Attendant patiemment que le trajet se fasse, le fourgon se gare je ne sais où, avant de s’ouvrir. Toujours à l’intérieur d’un bâtiment. On refuse de me mettre en contact avec l’extérieur. Mais, aussitôt sortie, des éclats de voix me parviennent. On dirait qu’elles sortent derrière une porte, ou un mur. On cogne, on parle, on essaie de percer ce qui les sépare de moi.
« Laissez-nous rentrer !
- Vous n’avez pas le droit de nous écarter de cette affaire ! Le peuple a le droit de savoir !
- Montrez-nous la démone ! Nous devons lui parler !
- Qu’en avez-vous fait avant le procès ? C’est tout autant de son droit que le nôtre que de témoigner ! »
Des journalistes ? On a dû mettre au courant la population que j’allais avoir un procès aujourd’hui. Ils paraissent déchaînés, avides de savoir. A ce qu’ils disent, ils ignoraient que j’étais dans un asile et où il se situait. Quelle torture pour eux ! Une des plus grandes meurtrières du monde a été attrapé, mais on n’a pas le droit de lui parler ! Je ne me doute pas qu’on veuille me poser toutes les questions possibles et inimaginables. J’ai été un tel emblème dans cette ville, presque une légende, et maintenant, bien qu’attrapée, tous mes secrets ne sont pas dévoilés. Le monde entier doit brûler d’envie de savoir qui je suis. Et je ne peux pas leur reprocher. Je suis fière de ma réputation.
« Vous n’avez rien à faire ici, dégagez, grogne un soldat. »
Des exclamations et indignements font surface d’un seul coup dans une vague de mécontentement. Les ignorant, les soldats m’attrapent par les bras pour m’emmener je ne sais où. Au fur et à mesure que nous marchons, les cris s’éloignent dans mon dos. Enfin, jusqu’à ce que je ne les entende plus, on m’arrête et me retire le bandeau. Aussitôt, la sale face d’une femme vêtue d’un uniforme de police rentre dans mon champ de vision. Elle retire ensuite ma muselière à contrecœur.
« Que cela soit bien clair : si tu tentes quoi que ce soit durant le tribunal, on te tire dessus. Tu seras encerclée par six policiers aux quatre coins de la salle, et si l’un d’entre eux juge que tu vas à l’encontre de la procédure, il aura quartier libre pour te tirer une balle dans la tête.
- Vous risquerez de me tuer avant même que je n’ai reçu mon jugement ? Je doute que Donald soit vraiment d’accord avec ça. »
La policière ne reprend pas ma provocation, se contentant de me foudroyer du regard. Les policiers m’attrapent à nouveau les bras pour m’entraîner dans un long couloir gris, sans lumière ni fenêtre. Au bout, deux portes massives en bois et ornées de décorations dorées. Deux policiers se tiennent près d’elles et les ouvrent en même temps à notre arrivée. La lumière de la salle m’éblouit pendant une seconde. Aussitôt après, on me force à pénétrer dans la pièce. Grande, en arc-de-cercle, comme un amphithéâtre, des murs en bois avec des luxueux ornements en or, tout comme les portes ; je ne m’attendais pas à voir une salle aussi imposante pour un procès. Le drapeau américain trône en grand au fond de la pièce, derrière des immenses bureaux en hauteur. Immédiatement, tous les regards se tournent comme un seul homme dans ma direction. Un vague malaise s’installe en moi, que je chasse immédiatement en reprenant confiance, défiant tous ces yeux curieusement malsains qui me lorgnent comme un monstre de foire. Des hommes et des femmes, de tout âge et de toute couleur, me jugent d’un coup d’œil. C’est la première fois que je suis révélée au grand public, que mon identité est dévoilée à de simples citoyens. J’aurai tellement envie de pouvoir lire dans leurs pensées, là, maintenant. Que pensent-ils de moi ? De la démone ? Est-ce que je ressemble à l’image de ce qu’ils s’étaient faite de moi ? Probablement pas. Je ne suis qu’un mythe, qu’une légende. Me donner un visage, c’est briser cette légende. Ils doivent me prendre pour une simple gamine attardée. Se demander comment une simple personne au visage angélique comme moi aie pu tuer autant de personnes sans le moindre remord. L’atmosphère est lourde. Ils cachent leur peur dans la méprise. Attachée ainsi, encerclée par des policiers, à deux doigts de mon procès, ils doivent se réjouir de la peine que je vais recevoir. Je ne pense pas exagérer en pensant que le monde entier attendait que je paie pour tous les crimes que j’ai commis.
Je redresse le buste, fière, ne me laissant pas démontée par tous ces jugements dont je dois faire face. J’avance jusqu’à une barre en bois au fond de la pièce, devant les trois bureaux surélevés. Celui du milieu est le plus haut, avec le drapeau américain dans le dos de l’homme -le juge ? tandis que les deux autres l’encadrent, plus bas. Derrière moi, des rangées de bancs en bois sont installés où une multitude de personnes sont assises. J’aperçois du coin de l’œil tous les policiers qui m’encerclent aux extrémités de la pièce. Un silence pesant règne dans la pièce. Finalement, le juge, pouvant me défier de toute sa hauteur, se racle la gorge, comme pour annoncer le début du procès.
Ça y est. Le procès d’une des criminelles les plus meurtrières de ces dernières années. Le procès de la démone. Il peut enfin commencer.


J’ai dit que je ne savais pas comment se passait réellement un procès, et c’est vrai. Mais je doute que ça ressemble à ce que je suis en train d’assister.
Tout est brouillon, confus, personne n’est jamais sûre de ce qu’il dit, hésite, avant d’essayer de reprendre confiance en soi. Le juge a commencé à parler, pour énoncer les crimes que j’ai commis. Problème : on ne les connaît pas. On ne sait pas quels sont les crimes que j’ai commis. Tous ces meurtres ont été mis sur mon dos, mais personne n’était là pour le confirmer. Il n’y avait jamais de témoin, et peu de preuves, seulement des coïncidences. Mon existence n’était qu’une légende, qu’une supposition, on n’était même pas sûre s’il s’agissait d’une seule personne ou de plusieurs. Même mon nom leur était inconnu. Les seuls éléments en communs, permettant de supposer qu’il s’agissait de la même personne -où du groupe de personnes- étaient les traces de crocs et de griffes, qui n’étaient même pas identiques selon la nuit ; certains appareils électriques explosés, mais une fois encore l’appareil n’était pas toujours le même, et ce n’était pas le cas toutes les nuits ; et les meurtres avaient lieu la nuit. Quelles preuves ! Comment pouvaient-ils affirmer que la jeune femme qui se trouvait devant eux était réellement « la démone » ? Qui pouvait leur affirmait qu’elle existait bien réellement, et qu’elle n’était pas un mythe créé par les habitants, et non pas un groupe de personnes qui se cachait derrière ce pseudonyme ? Un groupe de personnes ayant différents animaux dressés à l’attaque à leur disposition serait une hypothèse plus plausible que ma simple existence. Et si je n’étais pas une simple timbrée qui se prenait pour une criminelle aux pouvoirs surnaturels ? Tout était possible.
Même la personne qui a dû me dénoncer à la police n’aurait pas pu fournir de preuves suffisamment accablantes pour qu’elle aille m’attraper. Mais l’Etat était tellement désespérée à l’idée de ne jamais me mettre la main dessus qu’elle pouvait croire n’importe qui. Il fallait un bouc émissaire pour calmer la rage du monde. Est-ce la raison pour laquelle je n’ai pas le droit à un quelconque avocat ? Sûrement.
Bref, dans tous les cas, on essayait déjà de trouver quel était les crimes que j’avais commis. On me posait des questions, est-ce que j’avais assassiné Monsieur X ou Madame Y telle nuit, mais je ne connais ni le nom de mes victimes ni la date. Cette scène ressemblait plus à un interrogatoire de police qu’à une vraie dénonciation des faits.
Après de longues minutes à essayer de démêler ce problème, le jury soupire avant de me demander si j’étais l’auteure d’un attentat d’une date que j’ignorais une fois de plus. C’était une nuit, la première nuit avant la longue série de meurtres qui a suivi, qui avait lieu dans un quartier populaire de San Francisco, un été. Toutes les personnes présentes ont été tué dans d’atroces souffrances, ce qui représentait un joli nombre à au moins six zéros. Dès cette question posée, j’ai senti toutes les personnes dans la salle se figeant d’une seule traite, redoutant la réponse, comme si elle allait apporter un tournant décisif au procès.
Je reste muette devant cette interrogation. Un attentat… Les meurtres que j’ai commis sont plus ou moins grands, je pouvais autant tuer un simple passant dans une rue à détruire toute une entreprise. Mais là, ils parlent de meurtres de masse, fait en une seule fois sur une large population. Un événement chamboulant la planète entière, horrifiant les spectateurs de cette tragédie. Un événement sûrement prémédité, organisé depuis de longs mois par un groupe nombreux et armé.

Oui. J’en suis l’auteure.

En puisant au plus profond de ma mémoire amnésique, de brefs flashs m’apparaissent. Cette question me force à revenir longtemps en arrière, si loin que je n’avais même pas encore la notion du temps à cette époque-là. Au fur et à mesure du temps, mes souvenirs se sont concrétisés et je pouvais m’en rappeler plus facilement, mais celui-là reste flou, trouble, avec seulement quelques images par-ci par-là qui me reviennent difficilement. Je me souviens des visages, des cris, de l’odeur du sang, de la chair disparaissant sous mes griffes, des étoiles scintillant mélancoliquement dans le ciel plus noir que les ténèbres. Je me souviens que non, ce n’était pas un meurtre prémédité, en aucun cas je n’avais prévu un tel massacre. Je me souviens que le goût du sang cette nuit-là était exquis. Je ne me souviens plus de la raison de ces meurtres, mais que je n’arrivais plus à m’arrêter, comme une drogue qu’on ne pouvait s’empêcher de consommer car elle nous emporte dans un état de plaisance inexplicable.
C’était la première nuit où j’avais tué. La première nuit de mes souvenirs.
« Pouvez-vous affirmer être la coupable de ces crimes ?
- Oui. »
Toutes les respirations dans la salle se retiennent. Plus personne n’ose parler pendant quelques secondes. Moi, je ne cille pas. Je me demandais encore et encore comment aurait lieu mon procès, comment je réagirai, face à telle ou telle question, mais finalement, je reste calme, déclarant simplement des faits. Je ne cherche pas à embellir ou à cacher des choses. J’assume entièrement tous mes actes, ni plus ni moins.
« … Vous êtes donc coupable de meurtres de masse et de torture… souffla le juge, sidéré. »
Ils ne remettent même pas en question mon affirmation, même sans preuve. Je pensais que les procès duraient longtemps, avec des questions précises et des preuves pour appuyer les propos. Mais ils n’en donnent même pas. Est-ce parce que mon cas est particulier ? Sûrement.
« Comment avez-vous procédé pour commettre ces crimes ? »
J’esquisse un sourire amusé.
« Il suffit d’avoir de bons crocs. »
Les spectateurs se dévisagent dans la salle, éberlué par cette réponse. La surprise se lit sur le visage du juge, bien qu’essayant de garder une allure calme et sereine. Il fronce les sourcils, avant de reprendre :
« Pouvez-vous être plus précise ? Utilisiez-vous une arme précise ? »
Je hausse les épaules, commençant à être exaspérée.
« Une batte de base-ball. »
Me défiant du regard pendant cinq secondes, il finit par abandonner cette question, même si mes réponses n’ont ni queue ni tête. Il retient un soupir avant de continuer son discours.
« Quelles sont vos motivations de ces crimes ? Avez-vous une raison de les commettre ? Une obligation ? »
Je mime une moue boudeuse avant de hausser une fois de plus les épaules.
« Faut-il réellement une raison ?
- Que voulez-vous dire ? »
Après quelques secondes à le faire bouillir, j’esquisse un sourire malicieux.
« Je n’ai pas à me trouver d’excuse pour me dédouaner de ces crimes, ni de raison valable. J’aime tuer. Alors je tue. C’est tout. »
Des chuchotements s’élèvent dans la salle, derrière moi. Des voix inquiètes et interrogatives, qui se demandent si je n’aurai pas dû aller voir un médecin spécialiste avant d’entreprendre le procès. D’autres pensent que mes paroles ne sont qu’une couverture, et que je cache la véritable raison. D’autres pensent que je suis simplement folle.
« C’est un monstre, grommelle un vieux monsieur. »
Un monstre. Cette appellation ne m’étonne même plus. On m’a souvent qualifié d’un tas de surnoms plus ou moins originaux, et celui est l’un qui revenait le plus souvent. Aux yeux de tous, je suis un monstre.
« C’est facile de dire ça, je déclare dans sa direction, le surprenant au passage. Vous n’avez jamais essayé. Personne ici n’a jamais essayé de tuer. Personne n’a jamais ressenti ces émotions fortes, ces sensations enivrantes. »
Le vieil homme me dévisage avec un air de dégoût, mais je me contente de me détourner de lui, n’attendant pas une réponse de sa part. Je ne sais même pas pourquoi j’essaie de me justifier, je n’ai pas à le faire. Personne ne comprend, de toute manière.

Les questions suivantes sont plus ou moins précises, et mes réponses sont plus ou moins vagues. On essaie de m’arracher des secrets, des détails qui parviendraient à changer le cours du procès, on essaie de me percer, de percer le secret qui m’entoure et qui les intrigue. A leurs yeux, je suis un être étrange, rempli d’interrogations, de mystères, qui ne se dévoilent pas rien qu’en parlant avec moi. Ce procès en devient insensé. Ils ne vérifient aucune de mes affirmations, ne cherchent pas à savoir si tout ce que je raconte est plausible -non, pour de simples êtres humains. Toutes ces questions qu’on me pose au tribunal, on aurait dû le faire avant, devant un policier. On aurait dû chercher des preuves solides, se demander si je ne mens pas, mais rien de tout cela est fait. On précipite mon procès, comme si l’on voulait s’en débarrasser.
Sentant la fin du procès arriver, le juge me pose la question finale.
« Une dernière chose à déclarer ? »
Le défiant du regard, je hausse le buste, fière, ne détournant jamais mes yeux des siens.
« J’assume l’entièreté de mes actes et leurs conséquences. Je n’éprouve ni regret, ni peine, ni honte à les avoir commis. »
Il semble peu surpris de ma déclaration, après tout ce temps passé avec moi à essayer de me cerner. Il soupire, s’apprête à reprendre la parole quand un bruit de porte qui s’ouvre l’interrompt. Je me retourne, tout autant surprise que l’assemblée, et le suis encore plus en découvrant qui se tient au bout de la salle.
Trump, son ventre ballonné mis fièrement en avant, un sourire narcissique sur le visage. Tout le monde se lève d’un coup en le voyant par politesse, certains mêmes posent une main sur le cœur. Le juge fait de même, bien que passablement énervé par cette intervention.
« Monsieur le président… lâche-t-il, fumant de colère. »
Tout en se pavanant auprès de ses citoyens qui l’entourent, il marche dans ma direction tout en m’ignorant soigneusement. Je n’ai pas le temps de me demander ce qu’il fout là qu’il monte les marches pour rejoindre la même hauteur du juge -qui doit se retenir de ne pas le jeter du bureau- avant d’enfin daigner poser ses yeux sur moi.
« Bien… je suis venu ici pour participer au jugement de cette chère criminelle. »
Je vois à son regard qu’il a une idée derrière la tête, et pas sûre qu’elle joue en ma faveur.
« Monsieur le président, vous n’en avez pas le droit, reprend le juge à moitié gêné. Dû à la séparation des pouvoirs, vous devez laisser à la justice faire le travail auquel elle est attribuée…
- Effectivement, je suis le président. Et si je veux, je peux intervenir dans le pouvoir judiciaire. »
Il se tourna vers la salle d’un air méprisant, prenant les gens de haut.
« Je n’ai pas confiance au résultat de ce procès. Il est insensé, vous peinez à lui trouver des accusations crédibles alors qu’elles sont sous vos yeux, et vous risquez de minimiser les actes de cette délinquante. Délinquante, je dirai même criminelle, meurtrière en série. Et il lui faut une peine à la hauteur de ses crimes et de sa personne. »
Il se retourna vers le juge, gonflant son ventre pour paraître un minimum imposant -le rendant tout simplement plus grotesque.
« Je veux participer à la décision de la peine. »
Le juge, gêné, bafouille quelque chose avant d’accepter, n’ayant pas trop de choix, de peur de vexer le président. Ce dernier, satisfait, descend et rejoint les jurés et autres personnes pour délibérer de mon sort, à l’abri des oreilles. Un silence pesant pèse sur mes épaules à l’attente des résultats, les regards curieux des spectateurs en rajoutant une couche. Que fait Trump ici ? Il n’a pas le droit, mais tout le monde a la trouille de s’opposer à son orgueil mal placé. Même s’il est le chef, il doit y avoir des conséquences pour être intervenu de la sorte, non ? Des conséquences politiques ou sociales, j’entends. Les gens vont-ils réellement accepter ma peine si elle est biaisée ? Peu importe, s’ils la considèrent assez horrible pour moi.
Est-il ici pour se venger de moi, parce que je n’ai pas accepté son marché ? C’est très probable. Il fait un caprice parce qu’il n’a pas eu ce qu’il veut. Et maintenant, il utilise son statut de président pour décider de mon sort. Avoir mon avenir entre ses mains et un peu inquiétant, hein. Mais bon, j’ai décidé d’assumer jusqu’au bout mon procès, et je vais m’y tenir. Cette intervention rajoute même un peu de piment, rendant l’attente terriblement excitante. Cette sensation me manquait, elle est semblable à quand je dois échapper aux policiers qui sont à deux doigts de m’attraper. L’adrénaline est présente et m’en ferait presque trembler.

En attendant, j’attrape des bribes de conversations ici et là du public, chuchotant comme une commère de mon procès et de moi-même alors que je suis juste devant lui. Les discussions sont brouillonnes et je n’entends qu’un mot sur deux, mais certains discutent avec surprise de la venue de leur cher président, d’autres espérant que mon jugement final sera à la hauteur de mes crimes et que je paie pour eux, tandis que d’autres encore s’indignent de l’incompétence du procès en remettant en cause mon identité de « démone ». Je suis toute aussi surprise qu’eux de la tournure qu’a pris le procès, pensant qu’ils prendraient plus leur temps pour enquêter sur moi et mes crimes, mais Trump a dû faire pression pour qu’il ait lieu le plus rapidement possible maintenant que j’y pense. Pas que lui d’ailleurs, le peuple aussi, qui, non content que je sois enfermée, veut que je paie après ces années à avoir échapper à la justice.
Le temps passe, et les jurés reviennent, ainsi que le président, fier comme un paon. Il remonte sur l’estrade au côté du juge, à qui il chuchote quelques mots, avant de se mettre en retrait derrière lui pour lui laisser la parole. Les sourcils froncés, j’attends la réponse finale comme un chien attendrait son os, tandis qu’il prend son temps pour nous faire mijoter. Il se racle la gorge, ouvre la bouche, la ferme, hésitant, avant de reprendre sur un ton qui se veut ferme :

« Pour acte de terrorisme, de tortures et de meurtres en série, la démone recevra la peine de mort. »


Un silence glacial s’installe dans la salle. Plus aucun mot n’est prononcé. Seuls des pairs d’yeux écarquillés observent la scène comme des spectateurs. Doivent-ils applaudir ? Se lamenter ? Ou rester silencieux ? Et moi… Je reste bouche bée. Les yeux aussi écarquillés, je regarde le juge ayant prononcé la phrase qui m’a condamnée. Que penser ? Que faire ? Tout d’un coup, je me sens extrêmement seule, mais épiée par tous ces regards malsains qui savourent la sentence. Ma… mort ? Penser à ça est inconcevable, inimaginable. Moi, mourir ? La démone, une légende vivante craint par des millions de personnes, morte ? Pendant une seconde je sens mes doigts trembler sous ma camisole. Je vais… mourir ?
Un bref sourire se dessine sur mon visage, avant de ricaner d’un air mauvais et d’éclater de rire. Un rire fou, malsain, incontrôlable, mais aussi de bon cœur. Un rire qui brise ce silence pesant, remplissant la salle, faisant frissonner de terreur les individus présents. Un rire démoniaque.
Les policiers aux quatre coins de la pièce positionnent comme un seul homme leur arme dans ma direction, m’ordonnant de me calmer. Je n’y arrive pas, et je ne veux pas. J’ai envie de rire. Tout me donne envie de rire. Ces gens, ce procès, cette condamnation, cette situation, cette ville, ce monde, me donnent envie de rire. Tout est absurde. Tout est absurde à mes yeux. J’ai tué, j’ai massacré des tas de personnes, j’ai sans cesse échappé à la police, j’ai mis le monde à mes pieds, et maintenant, je vais mourir… Après tout, cela devait bien arriver à un moment ou un autre. Cette vie n’est qu’un jeu, et je viens de perdre la partie. C’est ainsi.
« Alors… alors c’est comme ça ? je lâche entre deux rires. J’ai perdu ? J’ai réellement perdu ? Je vais mourir ? Ah ah ! »
J’essaie de me calmer du mieux que je peux, mais sans m’empêcher de sourire avec mon regard de psychopathe.
« Eh bien vous savez quoi ? »
Je plonge mon regard rouge dans celui du président, peu inquiet de mon comportement.
« J’ai hâte de mourir ! »
Je repars dans un fou rire inarrêtable, les autres me dévisageant avec dégoût et peur comme une malade mentale. Qu’ils me tuent, autant de fois qu’ils le veulent, qu’ils me massacrent, qu’ils fassent ce qu’ils veulent de moi ! J’ai perdu.

j'espère que ce chapitre vous a plu! On se rapproche de la fin hé hé. Ce n'est pas mon chap préféré sur plusieurs points, j'ai galéré à l'écrire, donc je prends tout commentaire ou conseil Smile des hypothèses pour la suite?
Contenu sponsorisé

Faustine ; aka La démone Empty Re: Faustine ; aka La démone

Revenir en haut
Sujets similaires
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum