Lombard Street

Nous sommes dimanche soir, il est déjà 17h30. Je reviens de chez Alan chez qui j'ai enfin pu finir notre travail de groupe. J'ai échappé tout l'après-midi à ma famille et je respire un bon coup en rentrant chez moi.
Plutôt que de prendre les transports en communs, je préfère passer par Lombard Street. La balade me fait du bien et je me surprends à imaginer comment doivent-être les dimanches après-midi à travailler en groupe à l'académie Olympium. Est-ce qu'ils font des exposés sur leurs pouvoirs ? Est-ce qu'ils vont se balader dans les rues de San Francisco ?
Je croise toutes sortes de personnes, qui courent, qui marchent, qui s'arrêtent, tout en suivant mon chemin vers mon quartier. Je vois une jeune femme, les yeux rivés à son téléphone, l'air préoccupé. Je pense tout de suite à ce qu'il peut bien y avoir sur son téléphone...Peut-être qu'elle fait partie de la CIA ou qu'elle travaille dans la zone 51 et qu'on vient de lui révéler une info super importante ? Genre, une guerre ! Ou alors, elle vient juste d'apprendre qu'elle est célibataire...D'un coup cela me semble moins drôle.
Je réajuste mon sac sur le dos et reste dans mes pensées, mes pas traçant automatiquement mon chemin vers chez moi.

Jaiden et moi courront depuis au moins une demie-heure maintenant, il ne va pas tarder à être 18 heures . On c'est arrêté plusieurs fois pour marché, Jaiden m'a expliqué qu'elle fait 10 minutes de courses lente, 5 minutes de marches . J'ai plutôt fait 5 minutes de marche rapide et 10 minutes de marches, mais je suis le rythme malgré tout . On arrive à Lombard Street, je n'ai jamais fait autant d'effort physiques an si peux de temps !
- À partir de la on va courir encore 10 minutes et on va finir à la marche, il ne nous restera plus qu'une quinzaine de minutes pour arrivé au Collège !
-Ah ah, "plus que 15 minutes", j'espère que tu est prête à me porter si je m'évanouie !
-Tu risque pas de t'évanouir si tu cours pas plus vite !
-Je peux courir plus vite que toi !
Non, je ne peux pas courir plus vite que Jaiden, en tous cas pas sur une longue durée ! Mais je rassemble toutes mes forces pour la dépassé l'espace d'un instant. Mes poumons sont à l'agonie et mes jambes sont molles mais si je peux passer devant elle juste un instant !
Je m'élance et à force de puiser dans mes ressources, je finis par passer devant, je me retourne pour la narguer quand soudainement, un choc.
Je tombe au sol ....
J'ai percuté quelqu'un !
Je me ressaisie le plus rapidement possible et analyse la situation. Je suis sur les fesses, je suis tombé car je suis rentré dans ce garçon en face de moi, lui aussi sur les fesses. Je ne perds pas plus de temps à analyser, je me lève et m'empresse de lui tendre la main :
- Je suis vraiment désolé vous n'avez rien ? C'est de ma faute je ne regardais pas devant moi ...

Je regarde l'adolescent aux yeux verts et au cheveux bouclé, pitié, dites moi que je ne lui ai pas fait de mal, je m'en voudrait toute ma vie ...
J'entend Jaiden pouffé au loin ...

Soudain, le choc...Oh merde, je crois que j'étais tellement discret que j'ai bousculé quelqu'un !
Par chance, le garçon est déjà debout au-dessus de moi et me tends la main.
"Je suis vraiment désolé, vous n'avez rien ? C'est de ma faute, je ne regardais pas devant moi...
-Non, non, c'est moi j'étais dans la lune...Ne vous inquiétez pas, tout va bien."
Je réponds en utilisant moi aussi le vouvoiement bien qu'il est l'air d'avoir mon âge avec ses cheveux et ses yeux bruns. Je prends sa main et me relève puis m'époussette les fesses de la façon la moins disgracieuse possible. Je lui souris tout en jetant un coup d'oeil à la jeune fille derrière qui rigole. Au vu de leurs tenues, ils devaient faire un jogging ensemble...
Le garçon semble gêné alors j'entame une conversation :
"Je m'appelle Cameron, enchanté..."
Mais qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ? Mon père va me démonter si il apprend que j'ai donnée mon nom à un inconnu ! Mais pourtant, ces visages me semblent familiers, c'est sans doute ce qui m'amène à leur faire confiance...

"-Je m'appelle  Cameron, enchanté ..."

Le garçon que j'ai bousculé, Cameron donc, ne semble pas m'en vouloir plus que ça . Je suis rassuré, j'étais un peu inquiet au début, mais il n'a rien. Qu'il entame la conversation détend un peu l'atmosphère .
Je me retourne vers Jaiden qui avait déjà recommencé à courir lentement, quand elle arrive à mon niveau elle me dis simplement,à petite voix et sans s'arrêter :
"-Tu me rattraperas, tu n'as plus qu'a continuer tout droit maintenant, c'est juste que j'ai un truc à faire, on se retrouve à l' Académie" 
J'ai du mal à comprendre pourquoi Jaiden part sans moi, je l'ai peut être déjà beaucoup ralenti et elle va peut-être profiter de mon absence pour accélérer la cadence ou alors elle ne se sens pas de parler à un inconnu, ou alors elle à quelque chose à faire d'important ?
"-D'accord, à demain alors ... "  Je finis par souffler, confus mais concentré sur autre chose . 
Je répond donc à la présentation de Cameron :
"-Euh, oui pardon ! Moi c'est Naoko, elle c'était Jaiden, une amie . Bref, encore désolé, j'espère que tu n'étais pas trop pressé ?"

Je n'ai pas vraiment l'habitude d'aborder des inconnus, mais j'ai le sentiments que c'est une bonne personne, en plus de cela, il a l'air d'avoir mon âge . Il me sourit passivement avant de m'assurer que : 

"-Non, je ne suis pas si pressé, je rentrais juste chez moi, et il commence à peine à faire nuit ... Mais ton amie, elle elle semblait un peu pressé, elle habite loin ? 
-Oh, non, notre internat est à 20 minutes à pieds, elle y sera dans une dizaines de minutes si elle cour jusqu'à Olym-, enfin, jusqu'au collège à cette vitesse, et le couvre-feu est seulement à 20h donc je suppose qu'elle est juste un peu fatigué !" 

J'ai l'impression de beaucoup trop parler, mais je n'y porte pas une grande importance, je préfère profiter de ma première discussion avec quelqu'un d'en dehors d'Académie...
Soudain, il se mit à pleuvoir ...

Des gouttes commencent à s'écraser sur le bitume. Zut, si nous discutons trop longtemps, je vais être trempé...Bonjour la galère pour ne pas inonder la maison !
Je me re-concentre sur ce qu'a dit Naoko. Il a parlé d'un internat...
"Attends...Tu parles de l'internat sur la colline là-bas ?"
Je désigne la direction de ce que je sais être l'Académie Olympium pour m'y être infiltré si souvent.
Je vois le doute luire dans ses yeux. Peut-être ne peut-il rien me dire...Et pourtant, je serais si heureux d'avoir un ami qui étudie là-bas !
Les gouttes continuent de s'écraser dans mes cheveux tandis que je le vois hésiter à me répondre. Si seulement j'insistais, peut-être qu'il m'en parlerait ? Mais en même temps, avec cette pluie très énervante, je ne tiens pas à ce que ça dure des heures...

-"Attends...Tu parles de l'internat sur la colline là-bas ?"

Pendant que la pluie tombe je réfléchi, ai-je le droit de lui dire ? Olympium doit resté secret, mais l'académie est déjà sous une couverture, elle se fait passé pour une cité scolaire privé .... Peut-être devrais-je faire comme si c'était le cas ? J'ai peur de donner des informations que je ne devrait pas, mais après tout, que ce passerait-il si il apprenait pour Olympium ? Rien ... Et puis, il m'a l'air sympa, si je pouvais devenir ami avec lui ce serait cool, donc c'est mieux si je ne fuis pas sans répondre . Autant mentir ! 

-Oui, l'établissement sur la colline, c'est l'académie Freud (je ne sais plus quel nom de couverture on avait donné), c'est une école privé,

La pluie devient de plus en plus forte, je ne voudrais pas retenir Cameron, même si j'aurais voulu parler un peu plus ... J'ajoute donc : 

-On devrait rentré, on va finir trempé, Je dis pas très sur de moi, Mais on peut se reparler, comme on habite pas loin ... 

Qu'est ce qu'il me prend, j'ai rarement assez de confiance en moi pour tenir une discussion avec un inconnu aussi longtemps !

Je fronce les sourcils aux mots de Naoko. L'Académie Freud ? Mais depuis quand ? Je ne fais pas la remarque, je suppose que je ne suis pas censé connaitre le nom de cet établissement. Je trouve ça un peu louche d'utiliser un nom de couverture mais je fais abstraction.
Un de mes mèches mouillées me tombe sur le front et de l'eau dégouline le long de mon nez. Il est clairement temps de rentrer.
"Mon père ne me laisse pas souvent sortir, tu n'as pas un téléphone plutôt ?"
Je désigne mon portable tout sauf dernier cri. Ce n'est pas que je n'ai pas envie qu'on se revoir en vrai mais les seuls moments où l'on pourrait se croiser sont lors de mes travaux de groupe chez mes amis ou lors de mes escapades à Olympium. Mais je ne suis pas sur que lui révéler que je traîne autour de son école soit une bonne idée et il sera plus simple de s'organiser avec des sms.

Par téléphone ? Pourquoi pas, ce sera le premier numéro que je vais entré dans mon téléphone si on ignore celui de ma mère. Je sors mon téléphone de ma poche, c'était l'ancien téléphone de travail de mon père, donc il laisse un peu à désirer, mais je vois que celui de Cameron n'est pas forcément mieux. 
-Oui bien-sûr, si ton père ne te laisse pas sortir c'est normal, je comprend. 
On s'échange nos numéro pendant que la pluie couvre nos téléphones de gouttes.Je commence à regretter de devoir rentrer seul a Olympium. 
Une fois nos numéros inscrit dans nos répertoire je met ma capuche et me prépare pour partir. 
- À la prochaine fois alors ! Je dis pour seule au revoir avant de me remettre à courir . 

Tout en rentrant sous la pluie, je continue de penser :

Cameron à l'air d'être un bonne personne,je suis heureux d'avoir pu trouver un peu de courage en moi pour lui parler, j'ai l'impression que ce faire des amis ici est bien plus facile qu'avant, les gens semble bien plus abordable ! 

J'adresse un salut au garçon qui s'éloigne.
Je baisse les yeux et jure en voyant mon écran plein d'eau. Je l'essuie avec ma manche, le range rapidement dans mon sac dont la couleur a foncé à cause de la pluie. Je n'ose pas imaginer l'état de mes cheveux. Je rabats ma capuche et commence à courir le long de la rue pour gagner du temps. Mon père va savoir que je suis resté plus longtemps que prévu dehors, c'est sur...
Mais si je me dépêche, je peux toujours dire que je me suis arrêté le temps que la pluie passe un peu...Et que, voyant qu'elle continuait, j'ai décidé de courir jusqu'à la maison. Oui voilà, je vais faire ça.